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En lisant, carnet de bons mots

Dans ces bras-là...


Ça tombait bien, au fond, cette foudre me transperçant à la terrasse d'un café, c'était un signe du ciel, cette flèche fichée en moi comme un cri à sa seule vue, cette blessure rouvrant les deux bords du silence, ce coup porté au corps muet, au corps silencieux, par un homme qui pouvait justement tout entendre.

Il me sembla que ce serait stupide de faire avec lui comme toujours, et qu'avec lui il fallait faire comme jamais.


Camille Laurens.

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C'est pas la saint-Glinglin...

... Non, aujourd'hui, c'est la sainte-Aspirine.
Patronne du front lourd et des tempes serrées, des nuits trop petites et des lendemains qui déchantent.
L'effervescence de ses bulles, c'était la vôtre hier.
Aujourd'hui, embrumés, vous n'avez qu'une pensée : qu'on coupe court à la migraine... en vous coupant la tête.

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  • Chut !
  • Le blog de Chut !
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  • 02/03/1903
  • plongeuse nomade
  • Expatriée en Asie, transhumante, blonde et sous-marine.
Jeudi 19 juin 4 19 /06 /Juin 16:40

- Vous avez mal ?
L'infirmière a frappé à la porte de la chambre mais je l'ai à peine entendue entrer. Elle est penchée sur moi. Je la vois floue, très floue. Je remue la tête.
- Vous avez mal ? Je vais vous passer des antidouleurs par la perfusion, vous avez une prescription pour ça.
Je bouge à nouveau la tête. Le ventre me tire, je n'ose pas me redresser ni faire un geste de peur d'aviver ces tiraillements ou de me déchirer en deux. C'est idiot, mais j'ai peur que mon ventre ne craque, que les coutures que je n'ai pas encore vues ne soient pas assez solides.

L'infirmière découpe ma blouse d'opérée aux ciseaux. Me voilà complètement nue, toute rigide dans le lit. Je me sens
minuscule, vulnérable comme un bébé chenille et j'ai froid.
- Vous avez mal ?
Oui, j'ai mal, mais la douleur physique n'est rien. Ce n'est pas au corps que j'ai le plus mal. C'est ailleurs, jusque dans le moindre recoin de mon cerveau.
J'ai mal à moi, à ce que je suis. J'ai mal
à l'âme.
J'ai mal à une partie arrachée, sans que le chirurgien n'y soit pour rien. Lui m'a en apparence laissée intacte, mais en apparence seulement. En vérité, je ne suis plus entière. Et la douleur que je ressens, c'est celle de mon membre fantôme.

De moi il n'a pris aucune nouvelle. Son silence fut pire qu'un désaveu, pire que la pire des indifférences.

L'infirmière a quitté la chambre.
- N'hésitez pas à m'appeler si vous avez besoin de quoi que ce soit.
Je ne l'ai jamais appelée. Elle ne pouvait rien pour moi.
Et j'ai regardé, longtemps, les gouttes de l'antidouleur passer du flacon de perfusion à ma veine.
Quand il a été vide, je n'ai senti aucune différence.

"Une douleur fantôme consiste à ressentir de la douleur dans un membre après que ce dernier ait été amputé. Les douleurs au membre fantôme peuvent varier en genre et en intensité. Une douleur bénigne, par exemple, peut être ressentie comme une sensation de piqûre aiguë et intermittente. Une douleur plus sévère peut donner l'impression à la personne amputée que le membre manquant est broyé."

"Un deuil, c'est une amputation sans anesthésie."
Marie-Frédérique Bacqué.

Par Chut ! - Publié dans : Feu mon amour
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Commentaires

Non, il n'y a pas d'indifférence, et si, il y a de l'inquiétude. Moi j'ai crû que le silence valait mieux qu'un dialogue où tu n'aurais pas trouvée ton compte. Moi, j'ai crû que je n'avais plus le droit de savoir. Je me suis trompé, une fois de plus. Encore, et encore, et encore.
commentaire n° :1 posté par : Egoïste le: 21/06/2008 à 16h10
Très difficile (impossible ?) de préjuger du compte de l'autre, surtout dans ce type de situation... A fortiori s'il y a dialogue qui - comme toi comme pour moi, je le crois, je l'espère - suppose échange et non vaine opposition d'arguments ni campement catégorique sur ses positions. La question ne se pose pas à mes yeux en terme de "droit de savoir" ou pas. Là, il y a malentendu, incompréhension. Je ne développe pas davantage ici.
réponse de : Chut ! le: 22/06/2008 à 01h21
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