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En lisant, carnet de bons mots

Dans ces bras-là...


Ça tombait bien, au fond, cette foudre me transperçant à la terrasse d'un café, c'était un signe du ciel, cette flèche fichée en moi comme un cri à sa seule vue, cette blessure rouvrant les deux bords du silence, ce coup porté au corps muet, au corps silencieux, par un homme qui pouvait justement tout entendre.

Il me sembla que ce serait stupide de faire avec lui comme toujours, et qu'avec lui il fallait faire comme jamais.


Camille Laurens.

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C'est pas la saint-Glinglin...

... Non, aujourd'hui, c'est la sainte-Aspirine.
Patronne du front lourd et des tempes serrées, des nuits trop petites et des lendemains qui déchantent.
L'effervescence de ses bulles, c'était la vôtre hier.
Aujourd'hui, embrumés, vous n'avez qu'une pensée : qu'on coupe court à la migraine... en vous coupant la tête.

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  • plongeuse nomade
  • Expatriée en Asie, transhumante, blonde et sous-marine.
Dimanche 27 janvier 7 27 /01 /Jan 16:04

Putain du seigneurElle a les bas résille, la jupe courte en cuir, le soutien-gorge qui remonte les seins, les gants en mauvaise dentelle. Elle a le parfum bon marché, les bijoux clinquants. Elle a le rouge à lèvres très rouge et le mascara très noir. Elle a les hanches et les jambes aussi, et la flamme dans l'œil.
Elle a toute la panoplie, tout l'attirail.
Elle est la putain et ce soir la putain retrouve l'homme de sa vie. Beau de l'orteil aux maxillaires, élégant de la coupe impeccable du pantalon jusqu'aux poignets de la chemise infroissable.
Trois cents euros la chemise, elle s'en souvient.

Elle marche en roulant des fesses. Les hommes la dévisagent. La plupart se retournent. Certains la sifflent. Un lui lance :
- Tu me tailles une pipe, poupée ?
Un petit garçon la contemple, émerveillé :
- Maman, regarde la dame comme elle est belle !
Sa mère le tire brusquement :
- Tais-toi ! Dépêche-toi ! La dame, c'est une méchante femme.
- C'est quoi une méchante femme, maman ?
- C'est une prostituée.
- C'est quoi une prostituée, maman ?

Elle marche
à sa rencontre. Le voit enfin. Sur son passage les femmes murmurent :
- Quel bel homme ! Quelle classe !

Et la putain, avance, avance vers ce bel homme. Ils doivent se rejoindre là où les lumières scintillent comme des phares,
juste au milieu du boulevard, sous l'affiche Cabaret.
Comme il a ralenti l'allure, elle arrive avant lui. L'attend.
Un type s'approche :
- C'est combien ?
- Tire-toi.
- Allez, c'est combien ?
- Tire-toi, je te dis.
- Eh, mais t'es une pute !
- Tire-toi.
Le type serre les poings. Elle recule. Il s'en va.

Soudain, il apparaît à ses côtés. Il rit et demande à son tour :
- C'est combien ?
- Deux cents.
- D'accord.

Il prend la putain par le bras. Ils marchent enlacés, points de mire des regards hostiles des passants.
Elle chuchote :
- La putain du seigneur.
Il répond :
- Le seigneur de la putain.

Ils arrivent au pied de l'hôtel. Cinq étoiles au fronton.
Elle siffle entre ses dents :
- Tu fais bien les choses, dis-moi...
- Oui. J'avais envie de bien les faire, pour une fois.
- C'est réussi. Enfin... ce sera réussi si on me laisse entrer.
- T'inquiète pas.

Il pénètrent dans le hall. Le portier regarde l'homme puis
dévisage la femme avant de leur barrer la route.
- Monsieur ?
L'homme a un geste de supériorité indifférente. Déjà, l'employé courbe l'échine.
- La chambre 32, s'il vous plaît.
Le réceptionniste lui tend la clef avec une répugnance affichée. L'homme la prend, la fait sauter dans sa paume et glisse dans un sourire narquois :
- Merci. Trop aimable.

Ils montent dans la chambre. Elle se jette sur le lit. Il se jette sur elle.
- Baise-moi.
- Si je veux.
Il sort les billets de son portefeuille. Les pose en évidence sur la table de chevet.
- N'oublie pas qui tu es.
Alors elle ouvre sa braguette et prend son sexe dans sa bouche.
Elle le regarde. Il la regarde. Elle s'arrête.
- Continue.
- Non.

Elle ôte ses bas, sa jupe, ses gants, le maquillage qui dessine de grandes traînées rouges et noires.
- J'en ai assez de ce jeu stupide. Je ne suis pas une putain !
Il la serre contre lui et elle supplie :
- Fais-moi l'amour comme à ce que je suis. Ta femme.

Par Chut ! - Publié dans : Nouvelles et essais - Communauté : xFantasmesx
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Commentaires

J'avoue que je m'attendais à tout sauf à cette chute là!!! Je sais pas pourquoi, mais j'aime beaucoup ce texte. Tu pourras me laisser l'ajouter à mon blog? Tu n'es pas obligé d'accepter, je comprendrais parfaitement. Bisous
commentaire n° :1 posté par : astredidi le: 28/01/2008 à 00h56
Merci, Astre, et avec plaisir ! Bon courage pour demain, je penserai à toi :)
réponse de : Chut ! le: 28/01/2008 à 03h33
Il y a du Bertrand Blier, version " Merci la vie ", chez toi . Quand on est en plein dans l'ambiance de ton récit, clic tu casses tout .... et c'est génial ....
commentaire n° :2 posté par : Trekker le: 28/01/2008 à 04h43
Merci, Trekker ! Le "génial" est sûrement trop, mais je prends le compliment avec plaisir !
réponse de : Chut ! le: 29/01/2008 à 04h56
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