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En lisant, carnet de bons mots

Dans ces bras-là...


Ça tombait bien, au fond, cette foudre me transperçant à la terrasse d'un café, c'était un signe du ciel, cette flèche fichée en moi comme un cri à sa seule vue, cette blessure rouvrant les deux bords du silence, ce coup porté au corps muet, au corps silencieux, par un homme qui pouvait justement tout entendre.

Il me sembla que ce serait stupide de faire avec lui comme toujours, et qu'avec lui il fallait faire comme jamais.


Camille Laurens.

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C'est pas la saint-Glinglin...

... Non, aujourd'hui, c'est la sainte-Aspirine.
Patronne du front lourd et des tempes serrées, des nuits trop petites et des lendemains qui déchantent.
L'effervescence de ses bulles, c'était la vôtre hier.
Aujourd'hui, embrumés, vous n'avez qu'une pensée : qu'on coupe court à la migraine... en vous coupant la tête.

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  • plongeuse nomade
  • Expatriée en Asie, transhumante, blonde et sous-marine.
Vendredi 18 janvier 5 18 /01 /Jan 03:09

Aujourd'hui, j'ai passé une excellente soirée en charmante compagnie. Nous étions trois, deux filles et un garçon.
À tout seigneur tout honneur, c'est le garçon qui a choisi le restaurant. À peine y ai-je mis les pieds qu'une conclusion s'imposait : il a bon goût, ce garçon.
Le lieu était en effet parfait. Chic sans ostentation, avec un service attentionné mais pas pesant, une carte raffinée et des vins succulents.
Pris par la conversation, nous n'avons pas vu les autres clients s'éclipser. Vers 1h30, nous étions les seuls irréductibles à siroter notre verre.
Les serveurs attendaient qu'on lève le camp en trinquant de leur côté. Aucune  signe d'impatience de leur part, aucune pression pour nous faire partir plus vite.
La grande classe.

Une fois sortis du restau, nous avons longé la rue déserte. Le garçon avait garé sa voiture à proximité et, courtoisie oblige, il a proposé de nous ramener. Nous lui avons de notre côté proposé de prendre un taxi. Avant de nous engouffrer séance tenante dans son véhicule.
Une fille à l'avant, une fille à l'arrière, le garçon était cerné. Pas le moment de commettre un faux pas ense prenant les pieds dans le frein : après avoir témoigné de ses compétences en œnologie, il lui revenait à présent de démontrer son talent de conducteur.
Charge écrasante s'il en est, surtout en pleine nuit... Arriverait-il à nous conduire à bon port en échappant à la maréchaussée ? Aux rues en sens interdit et unique séparant la Madeleine des deux coins de la capitale ?
Le mystère planait...
Perverse, j'avoue que je jouissais d'avance de sa confusion - et du total manque d'aide que je pouvais déployer pour le guider jusqu'à chez moi. Vraie bille en orientation, je me perds même dans les appartements. Ma manie ? Ouvrir le placard à chaussures au lieu de la porte d'entrée (ce qui, pour une sortie théâtrale, confine au ridicule).

 

C'est alors que le garçon décida d'ouvrir la boîte à gants. A priori, aucun rapport avec la (bonne) direction à prendre.

Mais à l'intérieur, gainée dans sa housse grise, gisait l'arme qui allait déjouer mes plans. L'attribut mâle par excellence, le prolongement d'un doigt viril désireux de ramener les poulettes à leur domicile : le GPS.


C'est par où2Extraire l'engin de son enveloppe fut rapide. En revanche, l'initialiser réclama un certain temps... ou  un temps certain. Composer le nom de ma rue plus encore, vu que nous nous bagarrions pour taper sur les touches.

Et lorsqu'il fallut entrer le nom de l'autre destination (celle de la belle passagère arrière), ce fut la fin des haricots : le résultat tout en consonnes défiait la toponymie parisienne.
Autant dire que partis comme ça, on n'allait pas se rendre bien loin.
Nous nous disputâmes le clavier pour avoir le droit de mieux taper dessus. Aussi contrariant que rétif, ce machin ne méritait d'ailleurs pas un autre traitement.
Sans me vanter, je crois que j'ai gagné haut la main...

Un quart d'heure plus tard, je sortais de la voiture. Le garçon partit accompagné vers l'autre bout de Paris avant de rentrer chez lui.
Dans mon esprit, cela ne faisait aucun doute : sans son GPS, notre conducteur serait encore en train de tourner.
Au petit matin, il se serait résolu, vaincu, à allumer une fusée de détresse.
Et moi, pour le localiser, à lancer une balise Argos.

 

 

Pin-up de Gil Evgren.

Par Chut ! - Publié dans : Au jour le jour
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