Dans ces bras-là...
Ça tombait bien, au fond, cette foudre me transperçant à la terrasse d'un café, c'était un signe du ciel, cette flèche fichée en moi comme un cri à sa seule vue, cette blessure rouvrant les deux bords du silence, ce coup porté au corps muet, au corps silencieux, par un homme qui pouvait justement tout entendre.
Il me sembla que ce serait stupide de faire avec lui comme toujours, et qu'avec lui il fallait faire
comme jamais.
Camille
Laurens.
Décembre 2024 | ||||||||||
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À chaque fois que j'écoute cette chanson, je retourne en Chine.
Jujube (mon i-pod) était tombé en panne à Dalat, dans le sud-ouest du pays. Impossible de le faire réparer là-bas... Je me résignais à voyager sans musique jusqu'à Kunming. Et même si la ville
regorgeait de magasins informatiques, remettre Jujube d'aplomb ne fut pas une mince affaire.
Au bout d'une après-midi entière de manipulations, il ressortit de la boutique en état de marche... mais intégralement vide, à l'exception d'un titre de rock qui cartonnait dans le pays !
Le "nourrir" dépassait mes capacités (ou ma connaissance du chinois : j'ai bien expliqué ça et là que je voulais remplir Jujube... mais avec avec mes dix pauvres mots,
personne ne m'a comprise !).
Heureusement, sur l'île de Hainan, tout s'arrangea : je sympathisai avec deux Suédois munis d'un ordinateur. La totalité de leur fichier musique atterrit dans Jujube. Je découvris ainsi la
production made in Sweden, une foule de chanteurs "ados", des groupes métal... Pas fan de tout, mais c'était toujours mieux que
rien.
Puis, par une journée torride sur la plage, la lecture aléatoire s'arrêta sur Mister Jones. Coup de foudre immédiat. Je la passais et repassais sans m'arrêter. Je m'endormais avec, me levais avec. Me serais volontiers baignée avec, si Jujube avait été
insubmersible.
Certaines chansons sont comme des personnes : elles vous apprivoisent, vous prennent par les sentiments, vous accompagnent partout. Vous les avez dans la peau, la tête, le cerveau.
Ce fut le cas de celle-ci. Elle m'a suivie jusqu'à la fin du voyage, bercée dans les bus et les trains, remonté parfois le moral.
Un flash parmi d'autres : je suis à Sanya (la station balnéaire en vogue de Hainan), assise au fond d'un bus avec Giuseppe, un Italien de Shanghaï. Nous revenons de la plage en partageant le casque de Jujube : un écouteur pour chacun. La voix chanteur des Counting Crows nous égrène ses Mister Jones à fond dans les oreilles. Giuseppe entonne le refrain à pleine
voix, faisant se retourner nos voisins. Je regarde par la vitre le soleil se coucher, les couleurs pâlir lentement. Alors que le paysage défile, j'ai l'impression que la mélodie
s'agrège à la route, aux arbres, aux collines. Comme si le décor lui-même devenait
musique.
À Shanghai, Giuseppe m'a gravé plusieurs albums des
Counting Crows. Je les ai beaucoup écoutés à mon retour en France. Mais malgré mes
recherches, jamais je n'ai retrouvé la version de Mister Jones qui me plaisait
tant.
Certains souvenirs sont destinés à le rester. Ce n'est peut-être pas un mal, finalement.
Pour écouter Mister Jones :
- One of my favourite...
- La
"classique"
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