Le blog de Chut !
Déjà adolescente, je rêvais de tailler la route sac au dos, mais à la condition expresse d'être accompagnée.
J'avais la peur au ventre et pas assez d'estomac pour combler ma faim.
Partir en routard n'était alors pas si courant. Il n'y avait pas ces foules de (jeunes) touristes s'emparant de quartiers entiers, pas les facilités ni les infrastructures pour les accueillir.
Le monde semblait plus grand, plus inaccessible, plus mystérieux qu'il ne l'est en réalité. Mais pour qui commence à la parcourir, cette planète se révèle petite.
À dimension d'homme, presque.
Mes amis, mes proches, ma famille ne voyageaient guère.
Leurs vacances, ils les prenaient en France, en général au même endroit : dans une résidence secondaire, une location retenue d'une année sur l'autre, une pension réservée depuis avril, car ensuite c'est trop tard, complet, plus cher.
Sauf à bénéficier d'une promo de dernière minute, l'arrivée était plantée avant le départ. Apaisant de savoir vers où l'on se dirige et ce que l'on y trouvera, plaisant d'éviter les mauvaises surprises.
Parfois l'étranger avait leur préférence. Hôtel avec piscine, l'exotisme d'un cadre rassurant, reposant, confortable. Formule tout inclus, repas, boissons, activités, farniente et rares excursions.
Mais comment vivaient les gens hors de ces murs ?
Quelles coutumes, quelles prières, quelles chansons rythmaient leur quotidien ?
Quels fruits, quels légumes, quelles plantes étranges poussaient ?
Quelles couleurs éclataient sur les marchés, quels parfums saturaient l'air ?
Mes amis s'en moquaient un peu. La curiosité ne les titillait pas.
Moi, elle me démangeait.
À cette époque déjà, je ne voyais pas l'intérêt de me déplacer pour vivre comme chez moi. Déguster les mêmes plats, me bercer des mêmes musiques, conserver les mêmes habitudes, avoir les mêmes attentes, les mêmes exigences me semblait incongru.
À ce compte-là, autant rester en France, pensai-je.
Le confort m'était un luxe dispensable. La jolie chambre récurée, le matelas moelleux, la baignoire et l'eau chaude à volonté, je les retrouverais bien assez tôt. En attendant, je pouvais m'en passer. Me rappelant à quel point j'étais favorisée, me poussant à démêler l'important du superflu et à remettre mon existence en perspective, ces manques dérisoires jouaient aussi le rôle d'alarme.
Ne rien considérer pour acquis, dit-on. Mais combien de choses ne considérons-nous pas réellement comme telles ?
Chaque voyage sonnait comme une trêve, une richesse, une confrontation. Un temps de découverte et d'émerveillement. Une porte ouverte sur un ailleurs, une porte que je rêvais d'ouvrir en grand mais qui, malgré mon désir, me restait en partie fermée.
Parce que personne ne voulait me suivre.
Les étés de nos vingt ans, Vahina, une amie d'enfance, était ma complice. La Bretagne, le Maroc, la Tunisie, Chypre... Ensemble nous avions vu un peu de pays.
Trop peu à mon goût.
Toujours ces fichus hôtels qui nous enfermaient, ces boîtes de nuits qui nous recrachaient exsangues au matin.
Au retour j'étais certes plus bronzée qu'un caramel, mais vide, déçue, frustrée, mécontente, torturée par l'impression d'avoir manqué l'essentiel.
L'étranger m'avait filé entre les doigts.
Je n'en avais pas profité.
Stop !
Pour le prochain été, je proposai à Vahina un voyage différent. Sac au dos, en train, à pied, et pourquoi pas à vélo ? Nous nous forgerions des souvenirs en même temps que notre jeunesse.
Elle ouvrit de grands yeux.
- Mais c'est dangereux ! Mais où dormirons-nous ? Mais nous rentrerons épuisées ! Mais que diront nos parents ? Mais nous allons nous perdre !
Mais, mais, mais. Que des mais à la place d'un non.
Que des craintes, que des objections, que des peurs. Qui étaient miennes aussi, mais je comptais sur Vahina pour les diviser.
À deux nous serions fortes.
À deux l'inconnu serait moins effrayant. En cas problème nous nous épaulerions. C'est le rôle des amis, pas vrai ? Allez, à nous l'excitation, la découverte, les grands espaces, le défi !
- Désolée, mais ça ne me tente pas ! Mais pas du tout !
Mon coeur se pinça. Vahina avait gagné.
Je traçai une croix sur mon beau projet. Pour trop longtemps.
J'ai vingt-et-un ans et je m'étiole. Mon premier stage en entreprise est une épreuve. Je ne comprends pas ce que je fiche là. Je me sens déplacée, intruse. Je m'emmerde.
Je ne m'imagine pas me lever chaque matin à la même heure, me rendre au même bureau, suivre chaque jour les mêmes horaires, travailler avec les mêmes collègues, répéter les mêmes gestes, entendre les mêmes histoires près de la même machine à café.
J'en crèverais, sûrement. À petit feu, sans doute.
Je ne m'imagine pas non plus faire carrière, bûcher pour un patron, répondre à des ordres, rendre des comptes.
J'exploserais, sûrement. Trop sauvage, indépendante, asociale peut-être.
Seule dans la cuisine de ma mère, je compte sur mes doigts mon essentiel.
Pouce, un, être indépendante. M'organiser à ma guise, n'avoir personne sur le dos.
Index, deux, avoir du temps pour moi. Pour créer, écrire, m'exprimer, bordel !
Majeur, trois, m'installer à l'étranger. Ne serait-ce qu'un an.
Annulaire, quatre, gagner un salaire correct.
Existe-t-il un seul métier répondant à toutes ces exigences ?
Je réfléchis.
Je souris.
J'ai trouvé.
Prof. Je serai prof.
Voilà comment, en cinq minutes sur un tabouret de bar, on s'engage pour des années.
Pendant ces années et les suivantes le désir, non, le besoin de voyager m'a taraudée.
Longtemps j'ai jalousé les expatriés, les audacieux signant pour l'aventure, les routards au long ou petit cours, les volontaires pour les destinations insolites.
Longtemps ils m'ont renvoyé à ma propre impuissance, à mes velléités, à mon manque de courage.
Je les admirais. Je leur en gardais rancune. Je voulais être eux, être à leur place.
Longtemps j'ai fantasmé, caressé, étouffé des plans d'envol, d'ailleurs, de vie et d'horizons nouveaux.
Longtemps je n'ai que rêvé.
La peur, toujours. Peur de cheminer nez au vent. De m'empêtrer sans me débrouiller. De me casser les dents et la figure. De revenir à la niche la tête basse, accueillie d'un "on te l'avait bien dit !".
On m'accusait déjà de ne rien écouter pour n'en faire qu'à ma (mauvaise) tête...
Personne ne m'encourageait, au contraire. Aucun de mes proches n'avait ni la culture, ni le goût, ni l'expérience du voyage. Tous n'y voyaient que risque, péril, danger. Futilité, même.
Qu'allais-je donc foutre là-bas ?
De gré ou de force, cette foucade me passerait lorsqu'à mon tour je rentrerais dans le rang. Que je cesserais de tendre vers l'impossible, que j'aurais un compagnon, des enfants, un boulot, une maison.
Une vie stable, une vie normale, une vie dans le moule, une vie conforme au modèle.
Une "vraie" vie.
Sauf que celle-là, je ne l'ai jamais eue. Et que le rang, je n'y suis jamais entrée.
2002, Inde du Nord. Premier périple sac au dos avec l'homme que j'aimais. Que j'ai tanné pour partir, car lui aussi avait la trouille. Peut-être encore plus que moi.
Révélation. Choc. Tsunami intime.
Une fois à Paris, j'appelai Vahina. J'avais tant à lui dire et si peu de mots pour le faire. Comment rendre compte d'un tel raz-de-marée ?
Impossible de lui raconter les gens, la foule, les scènes de rue, les vaches mangeant dans les poubelles, les couleurs éclatantes, le soleil, la poussière.
De lui retranscrire la ferveur des pujas** de Varanasi.
De lui décrire l'odeur de l'Inde, ce mélange entêtant et unique d'épices, de merde et d'encens.
De lui évoquer sans l'effrayer les cauchemars qui depuis mon retour me hantaient, les visages qui m'obsédaient, les incessantes arnaques aux touristes, la pauvreté qui m'avait abasourdie, les venelles souillées d'excréments et d'ordures, les bestioles qui grouillaient dans nos chambres de hasard...
J'essayais, me noyais dans un flot de paroles.
Vahina soudain me coupa :
- Je peux te poser une question ?
- Bien sûr !
- Mais comment faisais-tu pour ta lessive ?
J'en restai sans voix, blanche, éberluée.
Depuis l'Inde ma route s'est poursuivie. Du Myanmar à la Chine, du Cambodge à l'Indonésie j'ai sillonné l'Asie en solo.
Plongé, découvert la steppe à dos de cheval, grimpé dans des centaines de jeepneys bondés, de trains ferraillants et de bus déglingués, embarqué sur des ferries, des bateaux à voile, des bangkas*, des chaloupes, visité d'innombrables temples, églises, ruines, musées, dégusté des kyrielles de repas bizarres, mangé du chien, du serpent, du singe et des insectes...
Après quelques mois en Thaïlande, me voici aux Philippines. L'endroit que j'habite aujourd'hui, je pensais n'y rester que trois jours.
C'était il y a trois ans.
Je me suis (trop ?) souvent reproché de ne pas avoir voyagé plus tôt. L'aventure était bien plus facile que je ne le croyais, et encore meilleure.
Chiffe molle, sang de navet, poule mouillée... J'ai peu d'indulgence à mon égard mais j'y travaille. La vérité est qu'il m'aura fallu du temps, beaucoup, pour apprivoiser mes peurs, délier mes attaches, court-circuiter le programme interne qui me condamnait à vivre sagement en France.
Cette vie-là m'aurait par trop éloignée de moi. Parce que le voyage, il appartient à mon noyau dur.
Ce noyau, chacun l'abrite en soi. Constitué dès l'enfance, il est cette partie inchangée de nous, la petite flamme qui brûle toujours au fond, l'élément stable dans le chaos ambiant. Il traverse, intact, les époques et nos métamorphoses.
Il est celui qui nous porte, qui exige le tribut de notre loyauté, de notre fidélité et de notre respect envers nous-mêmes.
Celui qui nous oblige à rester debout et à garder le cap alors qu'autour, tout fout le camp.
Celui, aussi, qui au fil du temps a forgé ma devise, mon désir, mon horizon : deviens ce que tu es.
S'écarter de ce noyau, pire, y renoncer, c'est se contraindre à payer un prix exorbitant.
Le prix de soi, je crois.
*Bangka : bateau traditionnel philippin à balanciers.
**Puja (pronocer "poudja") : cérémonie d'adoration et d'offrande aux dieux.
2e dessin : Manara. Photos : Steve McCurry, Helmut Newton
Pour les curieux, les amoureux de l'Asie et/ou de belles photos,
je vous recommande Sud Sud-Est, le sublime livre de Steve McCurry.
À feuilleter sans modération !
Merci Marie. Avec grand plaisir, fais tourner si tu le souhaites !
Si ce texte peut encourager ta fille dans ce qu'elle entreprend, la pousser encore davantage à explorer, voyager - rouler sa bosse comme on dit -, j'en serais vraiment heureuse. Parfois on a juste besoin d'un petit coup de pouce, ou envie de se voir confirmer ce que l'on pense déjà...
Ta fille a déjà l'air d'une sacrée nana, elle a de qui tenir !
Moi aussi je t'embrasse fort.
Je suis admirative, vraiment. Avoir su, avoir pu, dépasser les conditionnements et les peurs pour vous réaliser, pour vivre la vie que saviez être la vôtre, démontre un sacré courage !
Je vous admire (et je vous envie ... un peu ... énormément !)
Merci Quine. De quoi rougir !
Du courage, sans doute, mais surtout du quasi désespoir : les deux fois où j'ai radicalement changé de chemin (la 1re en tournant le dos au monde universitaire, la 2e en m'expatriant), je n'avais plus trop le choix. J'étais arrivée à un tel point de fatigue, de non-sens, de ras-le-bol, voire d'écoeurement de ma propre vie qu'il me fallait absolument agir, me rapprocher de moi-même sous peine de me perdre ou de m'aigrir.
Impossible d'accepter plus longtemps de vivre à moitié, de me compromettre au quotidien en supportant une existence qui, loin de me combler, me paraissait absurde. Elle m'avait certes convenu - et même satisfaite - à une époque, mais cette époque était révolue.
Là, je me sentais dériver, m'éloigner de ce noyau dur qui exigeait enfin voix au chapitre.
Je n'aimais pas, plus ce que je devenais.... La prochaine étape aurait sans doute été de ne plus m'aimer tout court, et de ce désamour naît un profond irrespect envers soi. Déjà que bien du temps (des efforts, des psys) furent nécessaires pour m'apprécier, saboter ce long travail eût été du gâchis en barre !
Il y a cependant des situations, des portions de vie qu'on sait transitoires. On serre les dents en attendant la suite, car le présent n'est qu'une étape pénible à passer.
Là, ce n'était pas le cas : ma vie n'aurait pas changé d'elle-même si je ne lui avais pas imprimé un autre cours. Je sentais passagère impuissante d'un train qui roulait de plus en plus vite et ne me débarquerait dans aucune gare. Pas dans celles où j'aurais souhaité descendre, du moins !
Y a eu par contrecoup une révolte, un ras-le-bol, l'énergie du "stop, assez de gâchis !".
Le Gaspard de ce blog a eu un jour une phrase très juste :
- J'essaie de satisfaire mes envies avant qu'elles ne deviennent des besoins.
Voilà qui m'a beaucoup, beaucoup fait réfléchir...
Parce que j'y suis arrivée, je suis certaine que bien d'autres le peuvent aussi. Je suis loin de la superhéroïne, je le jure ! :)
Le souci étant qu'on minimise trop souvent nos forces... Ou qu'on prend pour acquis et vrai ce qui ne l'est pas (à commencer par les paroles de nos parents !). Le travail commence à mon sens par là : agir et se défaire des fausses croyances qu'on nourrit sur nous-mêmes. Pas simple, mais possible. La preuve !
Salut,
On commence à mieuxcomprendred'où te viens ce virus du voyage. Mais une chose que je n'ai toujours pas compris : Comment fais-tu pour la lessive ?
Je reste sur ma faim.
:-)
Xu
Ah ah ah excellent !
Pour te répondre :
- modé fainéant : je mets, un par un, les vêtements dans un contenant (dont j'adapte la taille au volume dudit linge) ; lorsque ce dernier est assez volumineux (ce qui réclame plusieurs jours), je le porte avec mes petits bras auprès d'une gentille dame (oui, souvent, ce sont des dames) qui le garde et me donne un ticket (mais pas toujours), en me précisant le jour auquel je peux revenir (mais parfois, elle se trompe : le linge n'est pas sec, le chien de la maison a resouillé mon linge propre, une noix de coco a traversé le toit de l'appentis et cassé la machine) ;
- mode concerné : je prends une bassine de taille moyenne, la remplit d'eau au 3/4, ajoute de la lessive en poudre (aux philippines Ariel est recommandé pour le blanc) et schriiic schraaac, je frotte.
Quand j'en ai marre (rapidement en général) ou que le linge me paraît assez propre, j'arrête.
C'est fouuuuuu non ???
D'où vient ce virus du voyage ? Comment s'est-il agrégé à mon noyau ?
Je ne sais pas, en fait.
Peut-être pour la part de rêve de l'ailleurs, la curiosité à savoir comment on vit à l'autre bout du monde, la nouveauté, l'enrichissement, une part de défi ? Sûr qu'il en manque à la liste !
Heureux d'avoir décroché un sourire (mieux?) de ta part.
En fait tu est une baroudeuse normal quoi!
C'est d'un banal, finalement toute la part mistèrieuse qui t'auréolait disparait avec la crasse grâce à Ariel ! Ils sont trop forts ces lessiviers.
X
Oui, oui, j'ai bien ri !
Ah zut, voilà que j'ai perdu mon auréole, maintenant ! Arieeeeeeel, je te hais ! J'voulais pas le dire que j'étais tout ce qu'il y a de plus normale.
Snif.
J'vais m'achever au Downie, tiens (une lessive liquide anti-bactérienne super efficace) !
Oh que non, tu gardes ton auréole!
"La prochaine étape aurait sans doute été de ne plus m'aimer tout court, et de ce désamour naît un profond irrespect envers soi"
Tu dis irrespect, je dis dégoût, profond et irréversible.
Ordalie,
oui, on peut également le formuler de cette manière, qui n'est au fond guère différente : l'irrespect mène au dégoût. Cest juste qu'irrespect me semblait moins fort. Moins irréversible, justement.
Je crois qu'à part la mort, il est peu de choses vraiment irréversibles. Le temps aide, parfois.
Comment devenir ce que tu es si tu ne l'es pas encore ? C'est rassurant de croire que l'on conduit sa vie, mais n'est-ce pas une illusion ? Je crois que je ne suis qu'un concours de circonstances et que je dois faire avec. Mon proverbe serait plutôt "Fais avec ce que tu es"
Coucou Coldbear,
amusant de comparer les devises nos devises, elles en disent long sur nous. :)
Je me demande s'il n'y a pas un malentendu quant au contenu de cet article :
mon propos est qu'il est essentiel, tant que faire se peut, de réaliser ce qui est en soi depuis longtemps (envies, projets, mode de vie...). Ne pas trop s'écarter de soi-même, de ce qui nous tient, parfois depuis l'enfance, sous peine d'en payer le prix. Nourrir cette petite flamme qui brûle en soi sous peine de la voir s'éteindre.
Le point que tu soulèves est au final celui de la liberté : quelle est notre marge de manoeuvre pour notre propre vie ? Notre devenir est-il entre nos mains ou nous échappe-t-il ?
Je crois cette liberté, cette possibilité de choisir bien plus importante qu'on ne le suppose, sauf que :
- elle est effrayante, car elle pousse à une profonde remise en question, et nous entraîne vers l'inconnu (et l'inconnu, c'est dangereux !) ;
- elle n'est pas confortable, car elle supposer changer et souvent renoncer à certaines choses que l'on croyait acquises ;
- elle peut aller contre les attentes de nos proches, qui nous voudraient (et nous pensent) comme ceci, cela, menant une vie pas trop en dehors des clous.
Cela dit, tu as aussi raison : il nous faut aussi faire avec ce qui est, ce que l'on a, car on n'a pas toujours le choix. Tourné autrement : en optant pour un choix x, la perte (supposée ou réelle) est supérieure au gain (anticipé ou réel) ; ou la peur est tellement forte qu'elle nous paralyse...
Alors, accordons-nous sur "Deviens ce que tu es avec ce que tu as"
Je t'ai dit j'aime tes écrits ?
Adjugé-vendu, c'est parfait !
Je modifie du coup ma devise perso, et hop !
Je crois me souvenir que oui, mais voilà bien un amour dont les gens qui écrivent ne se lassent guère. :)
Amitiés !
C'est un très beau texte et qui me parle.
Je n'ai pas particulièrement le goût des voyages : j'ai beaucoup trop d'envies qui ne nécessitent pas que je bouge de chez moi pour ressentir l'urgence de surmonter mes peurs. Mais je pense que ce que tu dis peut s'appliquer aux aspirations profondes de chacun, de quelque nature qu'elles soient. Je n'ai jamais rien fait d'extraordinaire et j'ai une vie très banale, mais je ressens le besoin fondamental d'être en accord avec moi-même. Aussi je suis toujours étonnée et triste de voir le nombre de gens qui, par manque de courage ou par commodité, se contentent d'une vie qui n'est pas celle qu'ils voulaient et qui ne les satisfait pas. Il y a heureusement de belles exceptions, dont tu fais partie.
Bonsoir Marie,
oui, tu as absolument raison : il s'agit d'être en accord avec soi-même et satisfait de sa vie, qu'elle soit paisible ou aventureuse.
J'avoue être également surprise et attristée par ceux qui n'aiment pas leur existence mais la poursuivent faute de - a fortiori quand ces personnes sont jeunes et ont toutes les cartes en main pour bâtir autre chose qui les rendrait plus heureux.
Même si je peux comprendre, car changer n'est pas facile.
La question que je me pose est au final celle du remords : à la fin, ne le regretteront pas amèrement ?
Je reviens de mer. Voilà bien longtemps que je n'étais pas allé me dessaler au large, et en reprenant ton texte ce matin, je me retrouve quelques années (beaucoup) en arrière, au temps des choix, cartable de cuir ou sac de toile ? troisième cycle à finir ou zone intertropicale de convergence ? direction Balard changer à Chatelet ou cap au sud / sud-ouest laisser Madère à tribord ? être l'enfant de mon rêve, enfin, ou devenir la promesse à laquelle j'étais le dernier à croire ? Tes mots sonnent fort. Comme Marieh2o, j'ai pensé à ma fille, nos discutions, son premier saut. Oh, avec filet encore - elle débute en liberté- mais les mailles sont larges à chercher chaque matin la bonne raison de se lever. Apprendre à faire confiance à ses peurs, apprendre à reconnaitre l'Ennui, cet ennemi insidieux qui fige tant de beaux sourires.
Déjà, elle a résolu la question de la lessive, elle est sur la bonne voie.
Ouf... C'est quand même essentiel, la question de la lessive ! :)
Je me doutais un peu que ce texte raviverait certains de tes souvenirs. Les grandes bifurcations, comme je les appelle... Puis celle de ta fille qui vole de ses propres ailes, mais avec l'assurance d'avoir un nid auquel revenir.
Certainement la meilleure façon de prendre son envol !
Ce que tu écris sur la peur m'interroge : faut-il leur faire confiance ou plutôt les apprivoiser, voire les combattre ?
La peur peut être salutaire quand elle nous prévient (et nous garde !) d'un danger qui nous mettrait en péril. Mais la plupart du temps, paralysante, elle nous condamne au surplace si on l'écoute trop. Puis comme on dit : elle n'évite pas le danger...
Oui, "faire confiance à ses peurs" n'est pas la bonne tournure. Limite un contre sens pour dire garder confiance face à ce qui effraie. C'est à dire dans un premier temps, accepter la peur, la considérer comme normale, naturelle, ne pas la craindre en quelque sorte, et partant, l'utiliser comme aune d'évaluation (d'un risque à peser par exemple), puis comme moteur, le jeu n'étant pas de chercher à s'en débarasser, mais de la transformer en énergie utile. Elle est dans ce flux d'adrénaline qui te parcours l'échine quand, ta décision prise, tu passes à l'action. Une complice désormais.
Elle peut aussi bien te dire "non, n'y va pas, tout bien pesé ce truc n'est pas pour toi". Protectrice cette fois.
Moteur ou frein, ce que je veux dire est que la peur est digne de confiance tant qu'elle ne décide pas à ta place.
Absolument d'accord, du premier au dernier mot.
Cher Slev, tu as comme toujours cette justesse et cette finesse pour le dire, les mots au plus près des émotions, même les plus ténues.
Alors tourné ainsi, faire confiance à ses peurs, oui. Précieuse alliée que la frousse, en fin de compte !
Je trouve ce texte magnifique. Je crois que je vais l'envoyer à ma fille...Je t'embrasse fort.