Le blog de Chut !
Je le disais en tête d'un billet : je ne sais pas faire court. Du coup, les articles de ce blog sont généralement longs - plusieurs pages une fois transférés sous Word.
En ce moment, le désir d'écrire est là. Il ne survivra peut-être pas à mon voyage en Indonésie, d'autant que je serai en bonne compagnie.
Parfois je recule devant l'ampleur d'un article. Écrire me réclame beaucoup de temps, de concentration, d'énergie. D'où la nécessité de me fixer quelques règles :
- rédiger d'un seul jet pour aussitôt mettre en ligne ;
- résister à la tentation de réécrire ;
- ne corriger que les maladresses les plus évidentes, les fautes et les coquilles.
Il m'arrive cependant de caler en court de route. Cimetière d'idées, mon dossier "brouillons" est rempli de billets avortés.
J'ai également mes petites manies. Sauf en voyage, faute d'accès facile au net, je ne rédige pas sous Word. Je préfère l'interface du blog pour insérer les photos. Leur choix - maniaque - est une pause dans la rédaction, parfois l'occasion de réfléchir à ce que je veux vraiment dire, au tour imprévu que prend un billet. Certains s'animent d'une vie tellement propre qu'ils m'échappent. Plus qu'auteur, je deviens trancripteur de leur volonté utilisant mon cerveau et mes doigts pour se dire.
À mes yeux, les images n'accompagnent pas seulement le texte mais font corps avec lui.
Souvent, j'ai envie de raconter de brèves histoires, de petits faits qui m'ont réjouie ou attristée, des moments décrochés du quotidien. Souvent je m'abstiens en pensant qu'ils n'auraient pas leur place ici. Ces anecdotes, je les réserve à mon journal de bord, avatar de mes carnets intimes.
Bientôt sa couverture cartonnée s'avachit aux coins, s'orne des cicatrices de bords de table trop aigus, d'empreintes de cailloux, de taches de café, de graisse et de doigts sales.
Ses pages noircies dans différents pays me rappellent comment c'est, le voyage. Comment c'était, cette époque. Si je l'avais oubliée, les tickets de transport ou de sites touristiques, les cartes de visite, les factures, les mots griffonnés en hâte, tous collés en un apparent désordre, m'y ramèneraient.
Ces derniers jours, j'étais à Cebu pour Sinulog. Hier, avant de quitter la ville, une de mes plus précieuses possessions manquait à l'appel : mon dernier journal de bord. J'ai dû l'oublier quelque part et quelqu'un le ramasser. Quelqu'un qui probablement n'en aura jamais l'usage et ne comprend pas le français, mais a été attiré par le défilé coloré des vignettes encollées.
Neuf mois d'écriture entre la France, la Thaïlande, Taïwan et les Philippines partis en fumée.
J'ai fouillé de fond en comble mon étroite chambre d'hôtel. Soulevé les matelas. Refait pas à pas le chemin parcouru la veille. Stoppé dans tous les lieux où je m'étais arrêtée : une épicerie foutraque, un bar sans serveur, un petit supermarché, un restaurant indien.
Personne n'a aperçu mon cahier. Personne ne l'a trouvé.
Moment d'espoir lorsqu'une serveuse m'a vu le remporter à l'hôtel. Déception : elle l'a confondu avec mon Kindle flambant neuf et sa gaine fuschsia.
La perte est irréparable. Rien ne me rendra ces souvenirs si ma mémoire vient à flancher. Et ce grand cahier presque achevé était un tel fourmillement d'anecdotes, de juxtaposition d'humeurs et de paroles collectées que j'en perdrai de toute façon la plupart.
Ainsi va la vie, main dans la main avec l'oubli...
L'idée est née de là : faire de ce blog déjà intime un substitut d'un journal de bord. Un reflet plus fidèle de mon quotidien, émaillé d'anecdotes et de faits sans importance. Préférer plus souvent des billets courts à des textes longs.
Cette évolution s'enrichit d'une nouvelle catégorie : "Une vie aux Philippines". Titre dépourvu d'originalité mais parlant de lui-même.
Un petit tournant sur la route de l'écriture.
J'espère qu'il vous plaira.
Photos : DR, William Wegman.
Accent,
votre message semble appuyé par une expérience personnelle. J'espère qu'il en sera de même pour moi !
(ce qui ne m'a pas empêché d'acheter un autre cahier... Je suis passée de rouge à bleu, espérons qu'il soit plus difficile à égarer !)
Je me suis beaucoup retrouvée dans la façon d'écrire : des articles longs, le placement des photos (maniaque, ô oui !) ;) en guise de "pause"... et beaucoup d'autres détails.
Il m'est arrivé une ou deux anecdotes similaires quant à la perte de petits souvenirs griffonnés. J'ai été très triste. Un fichier sur mon PC, un cachier perdu, et un fichier "en ligne" qui s'est
perdu au milieu de l'internet lors d'un enregistrement raté. Page blanche.
Donc, même ici, même écrits sur un blog... penser à sauvegarder ces mots. Ailleurs. On ne sait jamais. Rien n'est sûr...
Pour avoir essuyé pas mal de bugs sur Overblog - et donc perdu plusieurs articles -, je les sauvegarde en cours de rédaction sous Word et, une fois termnés, dans un dossier de l'ordi, lui-même dupliqué sur deux disques durs. Ca fait maniaque, mais le vol d'un ordi, la perte de ce fameux cahier et un plantage de disque dur externe poussent à prendre le max de précautions !
Si tu ne le fais pas déjà, je te conseille de copier/coller ton texte sous Word en cours de travail, si tu écris depuis l'interface d'OB. Et surtout, de le sauvegader AVANT de le mettre en ligne : un bug, récurrent chez moi, entraîne une non validation de la publication. L'article apparaît non terminé, des photos manquent, et impossible de retrouver la dernière version ! (Ca te fait ça aussi ?)
Comme c'est dommage!
Excellente idée: non seulement nous pourrons te lire plus souvent mais une telle catastrophe ne se reproduira pas.
Tout à fait ! La seule contrainte est qu'il est plus difficile de bosser sur ordi/Internet que sur un cahier que je peux sortir de mon sac partout... sans attirer l'attention. Je serais verte de me faire piquer mon ordi de voyage flambant neuf !
Oui, j'ai déjà eu des morceaux d'articles disparus, en cours d'écriture, au moment de l'enregistrement... du coup, il m'arrive de copier dans un brouillon de sauvegarde, dès que l'article devient
un peu long.
La solution de sauvegarde la plus sûre, est peut-être un hébergeur... où stocker ses textes et photos. J'ai ça sous la main, moi, je n'y avais jamais pensé, je vais peut-être du coup me faire un
dossier "secret" pour y mettre tout ça !
La même mésaventure m'est déjà arrivé en cliquant sur "conserver en brouillon". Du coup, avant d'enregistrer ou de mettre en ligne, je sauvegarde. Fréquent, aussi, que les coupures internet fassent auter la page. Mais là, c'est le bas débit et les interruptions de ma connex qui sont en cause. Et c'était pire quand je n'avais pas le wifi, mais une simple clef !
Il existe des espaces de stockage sur la toile (qui fonctionnent donc à la façon d'un disque dur externe), mais j'ignore comment ils fonctionnent. L'autre solution - ou la solution complémentaire - serait de créer un fichier caché dans ton ordi, baptisé d'un nom tout à fait anodin, voire rebutant : comptabilité, relevés banque, etc.
En cette matière, le trop de précautions vaut mieux que le pas assez. Dur de perdre des années d'archives...
Le voyage expose particulièrement à ce genre de mésaventure ; euphémisme pour Traumatisme tant la nature physique d'un cahier -qui plus est illustré- en fait un objet unique, non reproductible. Et on a beau se dire "qu'ainsi va la vie, main dans la main avec l'oubli", il n'empêche, un bout de soi manque désormais.
L'ordi et le web multiplient les moyens d'archivage, mais il reste à inventer la petite fente sur le coté de l'écran qui avalera ce ticket de métro si précieux pour aller le coller tel quel (et non scané) sur la page choisie du Journal.
Parmi les techniques de sauvegarde évoquées, il y a aussi celle de créer une boîte mail (voire 2 chez 2 opérateurs différents) où l'on s'enverra ses propres documents.
On attend maintenant les brèves de la nouvelle catégorie. Encore que, pour ma part, la longueur d'un texte se mesure surtout à sa capacité à faire oublier le temps pris pour le lire. Et, tu le sais déjà, les tiens me mettent régulièrement en retard sur le programme de la journée (quand ce n'est pas de la nuit).
Très cher Slev,
voilà, quelel bonne idée ! Votre défi, si vous l'acceptez, sera de mettre au point cette fameuse machine... Je serai la première à l'acheter, vu ma consommation industrielle de colle (que je me répands aussi généreusement sur les doigts, on est maladroite ou on ne l'est pas !).
Excellente technique que de se mailer les fichiers importants. Je le fais avant chaque voyage pour retrouver en un clic certains docs, ainsi que pour ne pas perdre un texte long en cours d'élaboration. Autre avantage : ne pas laisser de traces dans l'ordi (indifférent pour moi, mais utile pour se ménager une vie cachée à l'abri des regards/intrusions forcément indiscrets).
La perte d'écrits que l'on considérait précieux et même indispensable mène presque toujours à quelque chose de mieux que l'on ne soupçonnait pas.
Accent Grave