Le blog de Chut !
- On a dit qu'on regardait le film !
- Oui, oui. Mais je préfère te regarder, toi.
Je fixai Andrea comme s'il était fou. Il faut dire qu'à l'écran, il y avait Carole Bouquet et dans ma bouche, un morceau de pizza. Celle que nous avions commandée alors que nous devions dîner dehors.
Nous devions, oui. Mais le lit était trop chaud, l'heure trop tardive et l'envie de rester là, juste l'un contre l'autre, trop douce pour affronter le froid de la rue.
Charlotte Rampling entra dans le cadre.
- Elles sont vraiment belles, ces deux femmes, glissa Andrea.
Je me tournai vers lui. Dans ses yeux attachés à mon visage, il y avait parfois une drôle de lueur.
La première fut lors de notre première nuit. C'était l'étincelle de ceux qui vont faire une bêtise ou l'ont déjà faite sans penser que c'en est une.
Là, aucun rapport. C'était l'éclat tremblant de ceux qui espèrent vieillir aux côtés de leur femme et la regardent se rider en la trouvant toujours belle.
- L'idée que tu partes pour un long voyage m'est insupportable. Celle de te perdre encore plus. Tu comprends ?
Bien sûr que je le comprends. Certainement mieux qu'il ne le pense, car ses mots rejoignent ceux de Feu mon amour :
- À cause de l'éloignement j'ai peur de perdre les gens et surtout la femme que j'aime. Qu'elle ait trop changé pour que je la retrouve. Trop grandi, évolué sans moi pour me laisser encore une place dans sa vie. Les absences détruisent et j'en ai assez de détruire.
Je lui donnai raison avant de penser, plus tard, que les absences servent aussi de révélateurs.
- Avec toi je me découvre jaloux, m'avoua Andrea. Tu comprends ?
Bien sûr que je le comprends, comme je sais que pour un homme en quête de stabilité je ne suis guère rassurante. Flexible et poreuse, je n'ai rien de la minéralité des ports d'ancrage. Pourtant, je peux être aussi têtue que le marin de garde mourant en pleine tempête, les mains agrippées au gouvernail, les yeux rivés sur un phare qu'il est le seul à voir.
- Arrête le film, veux-tu ?
Je lui obéis. Andrea m'enlaça.
Une fois de plus, il partit très en retard, emportant dans ses cheveux mon parfum, ma peau et mon sexe.
- Tant pis si elle est déjà à la maison. Il faudra bien un jour que ce mensonge s'arrête.
Elle fut encore plus en retard que lui, confirmant ainsi ce que je pensais : lorsque l'autre est décidé à l'effacer, un aveu n'est rien. Il n'existe même pas.
- Oui, oui. Mais je préfère te regarder, toi.
Je fixai Andrea comme s'il était fou. Il faut dire qu'à l'écran, il y avait Carole Bouquet et dans ma bouche, un morceau de pizza. Celle que nous avions commandée alors que nous devions dîner dehors.
Nous devions, oui. Mais le lit était trop chaud, l'heure trop tardive et l'envie de rester là, juste l'un contre l'autre, trop douce pour affronter le froid de la rue.
Charlotte Rampling entra dans le cadre.
- Elles sont vraiment belles, ces deux femmes, glissa Andrea.
Je me tournai vers lui. Dans ses yeux attachés à mon visage, il y avait parfois une drôle de lueur.
La première fut lors de notre première nuit. C'était l'étincelle de ceux qui vont faire une bêtise ou l'ont déjà faite sans penser que c'en est une.
Là, aucun rapport. C'était l'éclat tremblant de ceux qui espèrent vieillir aux côtés de leur femme et la regardent se rider en la trouvant toujours belle.
- L'idée que tu partes pour un long voyage m'est insupportable. Celle de te perdre encore plus. Tu comprends ?
Bien sûr que je le comprends. Certainement mieux qu'il ne le pense, car ses mots rejoignent ceux de Feu mon amour :
- À cause de l'éloignement j'ai peur de perdre les gens et surtout la femme que j'aime. Qu'elle ait trop changé pour que je la retrouve. Trop grandi, évolué sans moi pour me laisser encore une place dans sa vie. Les absences détruisent et j'en ai assez de détruire.
Je lui donnai raison avant de penser, plus tard, que les absences servent aussi de révélateurs.
- Avec toi je me découvre jaloux, m'avoua Andrea. Tu comprends ?
Bien sûr que je le comprends, comme je sais que pour un homme en quête de stabilité je ne suis guère rassurante. Flexible et poreuse, je n'ai rien de la minéralité des ports d'ancrage. Pourtant, je peux être aussi têtue que le marin de garde mourant en pleine tempête, les mains agrippées au gouvernail, les yeux rivés sur un phare qu'il est le seul à voir.
- Arrête le film, veux-tu ?
Je lui obéis. Andrea m'enlaça.
Une fois de plus, il partit très en retard, emportant dans ses cheveux mon parfum, ma peau et mon sexe.
- Tant pis si elle est déjà à la maison. Il faudra bien un jour que ce mensonge s'arrête.
Elle fut encore plus en retard que lui, confirmant ainsi ce que je pensais : lorsque l'autre est décidé à l'effacer, un aveu n'est rien. Il n'existe même pas.
Lun 29 déc 2008
2 commentaires
"Flexible et poreuse", la texture même d'une douce à cuir, comme un aveu toujours recommencé.
Slevtar - le 31/12/2008 à 16h34
Oui, tu as remarqué qu'au fond, une fois ôtées les fioritures et la diversité des histoires, le cœur est toujours le même. Je sais depuis un moment que plus que me
lire, tu me lis. Entre les lignes, les signes et sur un fil.
Chut !
Les mensonges s'arretent-ils un jour ? je me pose encore la question... certains durent de génération en génération.
Très belle année à toi belle Chut !
Anna - le 31/12/2008 à 23h50
Bonsoir Belle Dame,
Très belle année à toi aussi... Que tes souhaits et désirs, des plus sages aux plus fous, soient exaucés.
Il est possible, je crois, de briser le cercle infernal des mensonges comme du secret. Les deux sont d'ailleurs intimement iiés... On tisse les premiers pour couvrir le second, mais la toile finit par se refermer sur nous pour nous étouffer.
Parfois aussi, la toile est reçue en héritage. L'implicite code (d'honneur ou de déshonneur ?) familial veut qu'on s'y englue encore et encore et pire, qu'on le transmette.
À tout cela je ne connais qu'un remède : trancher dans le vif en coupant les fils. Mais ça fait (très) mal.
Très belle année à toi aussi... Que tes souhaits et désirs, des plus sages aux plus fous, soient exaucés.
Il est possible, je crois, de briser le cercle infernal des mensonges comme du secret. Les deux sont d'ailleurs intimement iiés... On tisse les premiers pour couvrir le second, mais la toile finit par se refermer sur nous pour nous étouffer.
Parfois aussi, la toile est reçue en héritage. L'implicite code (d'honneur ou de déshonneur ?) familial veut qu'on s'y englue encore et encore et pire, qu'on le transmette.
À tout cela je ne connais qu'un remède : trancher dans le vif en coupant les fils. Mais ça fait (très) mal.
Chut !