Le blog de Chut !
Qu'est-ce qu'une femme ?
La question a tout l'air d'un piège. C'en est un.
Si on me l'avait posée avant, je m'en serais tirée tant bien que mal.
Par une description anatomique un jour de visite médicale, par exemple : une femme, c'est des seins, une vulve, un vagin. Des sautes d'humeur et de la douleur une fois par mois, lorsque le sang lui coule entre les cuisses.
Par une ode à la féminité triomphante un jour de lyrisme : une femme, c'est une gamme serpentine de courbes, une fugue improvisée de pleins et de déliés. Des seins-mandoline, des hanches-violoncelle et, parfois, un cul-rock'n roll.
Et quelle que soit sa coiffure, une femme, c'est un accroche-cœur.
Par une critique aussi lapidaire que cynique un jour de mauvaise humeur : une femme, c'est une chieuse.
Elle affirme le contraire ?
C'est une chieuse qui s'ignore.
Parce qu'une femme, c'est une casse-couilles douée pour vous les briser menu en coupant les cheveux en quatre.
Par la rhétorique un jour de pinaillage linguistique : une femme, c'est un substantif précédé d'un article indéfini, ayant pour contraire "un homme".
Je me serais rappelé du même coup un ennuyeux matin de classe où mon voisin, ayant levé un doigt résolu lui accordant voix au chapitre, avait claironné :
- M'dame... Mulier, mulieris, ligne 3, ça veut dire femme... Mais c'est de quel genre, siouplaît ?
La professeure, une maîtresse-femme que je vénérais, en avait cassé net sa craie sur le tableau noir avant de se retourner d'une pièce :
- Mulier, mulieris... Femme... Quelle honte, une question pareille !!! C'est de quel genre, À TON AVIS ?
Tassé sur sa chaise devant une indignation et une colère qu'il ne comprenait pas, mon cancre de voisin avait bafouillé, penaud, pendant que je rigolais sous cape :
- Euh... féminin, M'dame ?
On avait onze ans. On suait sur la version d'une langue difficile et point toujours si logique. Et Madame Rochard, d'habitude si pédagogue, avait soudain perdu son latin et sa patience, faisant fi de la règle numéro un de l'enseignement : il n'y a pas de sottes questions... hormis celle-ci, peut-être.
Parce que la parole donne vie à ce que l'on nomme. Parce que dire, c'est faire exister.
Et que, donc, par la chair du verbe, une femme, c'est féminin.
Évidemment.
Avant, oui, à la question "qu'est-ce qu'une femme ?", je m'en serais tirée grâce à toutes ces pirouettes. Oubliant - ou feignant d'oublier - l'essence même de la féminité, notre différence fondamentale avec ce sexe qu'on prétend fort : notre capacité à porter des enfants, qu'on en veuille ou non.
Depuis cela, je ne peux plus l'ignorer.
Cette fouille m'a brutalement (re)mise face à moi-même, face au temps qui passe à mon insu, face à mes choix.
L'intrusion dans mes viscères m'a du même coup confrontée au plus viscéral : à mon désir ambigu, inavoué d'enfant et aussi, forcément, à la mort de ma mère. À ce maillage brutalement interrompu, à cette boucle que je ne bouclerai peut-être jamais.
Avant ma mère, il y eut ma grand-mère. Avant ma grand-mère, une arrière-grand-mère que je n'ai pas connue. Et avant elle encore, une ancêtre dont j'ignore le prénom.
De cette boucle infinie je suis l'héritière jusque dans ma chair.
L'héritière, oui, mais peut-être à la fois le point final d'une lignée qui, ayant pris corps avec moi, mourra dans le mien.
Là, la bonne élève du cours de latin qui se marrait en douce ne rigole plus du tout, elle se remémore.
Elle se remémore ce soir où son feu son amour avait appelé de son ailleurs et murmuré d'une voix blanche :
- Ma vie, c'est du vide. Ma vie, c'est rien. Je passe à côté et je n'ai rien fait. Rien fait de ce que je voulais en faire.
Elle se remémore l'avoir questionné, ébahie :
- Comme ?
Elle se remémore qu'il avait répondu :
- Avoir un enfant.
Elle se remémore ses mots qui le rassuraient d'avoir le temps, celui qui passe si différemment pour les hommes, pensant à part elle "Et que devrais-je dire, moi ?".
Elle se remémore s'être surprise à penser trop vite, hors de propos, à ce que serait leur enfant s'ils en avaient un. À se demander s'il aurait sa chevelure sombre à lui ou sa blondeur à elle, des yeux d'Indonésie ou de Pologne.
Elle se remémore ce soir où elle avait appelé dans son ailleurs et murmuré d'une voix exsangue :
- Le scanner n'est pas bon, je dois être opérée. Peut-être que le chirurgien devra... enlever.
Elle se remémore qu'il avait répondu :
- Tu seras peut-être privée de l'accessoire, mais pas de l'essentiel : la possibilité de porter un enfant et de le mettre au monde.
Elle se remémore ses mots qui la rassuraient, ses mots qui parlaient de solution médicale et de chemin à deux.
Un chemin que, croyait-elle, il était prêt à faire un jour à son côté, puisqu'il en parlait.
À la clinique elle s'est remémoré qu'elle n'était plus la petite fille du cours de latin, mais une femme enduite de Bétadine que le chirurgien allait couper en deux.
Mais avant la clinique ce fut une longue traversée. Une pente abrupte de cailloux où la petite fille réintégra son corps de femme en suppliant d'être une autre, tant il est vrai que le malheur n'arrive qu'aux autres.
Au fond, la petite fille savait bien que le "elle" était devenu un "je".
Un "je" qui se regardait en pied sans se reconnaître et massait son ventre stérile sans ressentir aucune douleur.
- Aucune, vraiment ? s'était étonné le chirurgien.
- Non, aucune.
Promis, juré, ni la petite fille ni la femme ne lui mentaient.
En vérité, femme ou petite fille, je ne ressentais rien et mon corps lui-même n'avait pas changé d'un pouce, du moins dans le miroir.
Mais à mes yeux, il s'était métamorphosé, parce que je savais.
Là se tenait toute la différence entre l'avant et l'après : je savais, et cette connaissance était en soi un fardeau.
À cause d'elle, du jour au lendemain, mon vieux complice de corps s'était changé en ennemi, en traître que je palpais, triturais, trifouillais sans relâche.
- Avoue que tu en chies, saloperie ! grondais-je en enfonçant mes doigts dans mon ventre.
- Avoue que tu souffres, mon petit... pleurnichais-je en le caressant à défaut de le guérir.
Peine perdue. Menace ou supplication, mon corps restait sourd.
Insidieusement, il était devenu une excroissance, un corps étranger que, loin de reconnaître, j'aurais expulsé, lacéré, fauché sur pied.
À grand peine je me contraignais à sa toilette. Le lavais comme on se débarrasse à la va-vite d'une corvée plus tôt commencée, plus tôt finie.
Le vêtir - me vêtir - me causait un énorme souci. Plantée devant la glace, je voulais disparaître, noyer ce félon de vêtements informes mais me faisais violence.
- Non, je ne cèderai pas à ton chantage. Une jupe, des bas, c'est ainsi que les femmes s'habillent, pas vrai... ? Alors c'est ainsi que tu seras aujourd'hui habillé.
Je piochais au hasard dans ma penderie et m'en allais, claudiquant, avec ma jupe et mes bas de carnaval.
J'étais déguisée en femme mais derrière mon déguisement, je n'étais rien.
Rien, et surtout pas une femme digne d'un quelconque amour, incapable que j'étais d'enfanter.
La rupture avec cet homme est arrivée à ce moment-là, au pire moment s'il existe une échelle sur celle du pire.
En un mail il me confirma ce que je soupçonnais : lui ne m'aimait pas.
Et derrière cette négation, j'entendis la négation de ce que j'étais, moi.
Une fille qui l'aimait, femme de part sa naissance, foi du sang qui lui coule dans la douleur une fois par mois entre les cuisses.
Une femme ?
Non, en vérité. Une chose sans sexe au ventre ravagé, juste bonne à donner aux chiens s'ils acceptent de s'en satisfaire.
Une petite chose triste à qui l'on a jeté un os à ronger car, ainsi qu'il me le dit à des milliers de kilomètres en toute innocence - ou plutôt en toute cruauté :
- Si je t'ai parlé de solution médicale et de chemin à deux, c'était en me le reprochant... Je te sentais si mal que, moi, je me sentais obligé... même si je ne le pensais pas.
Erreur, grossière erreur.
Il ne faut mentir ni aux petites filles ni aux femmes, parce que les unes comme les autres croient à ce qu'on leur raconte.
C'est sûrement pour cela que j'ai eu aussi mal.
C'est sûrement pour cela que je suis incapable de lui pardonner. Et que j'ai chialé comme la môme que j'étais en écrivant cet article.
La question a tout l'air d'un piège. C'en est un.
Si on me l'avait posée avant, je m'en serais tirée tant bien que mal.
Par une description anatomique un jour de visite médicale, par exemple : une femme, c'est des seins, une vulve, un vagin. Des sautes d'humeur et de la douleur une fois par mois, lorsque le sang lui coule entre les cuisses.
Par une ode à la féminité triomphante un jour de lyrisme : une femme, c'est une gamme serpentine de courbes, une fugue improvisée de pleins et de déliés. Des seins-mandoline, des hanches-violoncelle et, parfois, un cul-rock'n roll.
Et quelle que soit sa coiffure, une femme, c'est un accroche-cœur.
Par une critique aussi lapidaire que cynique un jour de mauvaise humeur : une femme, c'est une chieuse.
Elle affirme le contraire ?
C'est une chieuse qui s'ignore.
Parce qu'une femme, c'est une casse-couilles douée pour vous les briser menu en coupant les cheveux en quatre.
Par la rhétorique un jour de pinaillage linguistique : une femme, c'est un substantif précédé d'un article indéfini, ayant pour contraire "un homme".
Je me serais rappelé du même coup un ennuyeux matin de classe où mon voisin, ayant levé un doigt résolu lui accordant voix au chapitre, avait claironné :
- M'dame... Mulier, mulieris, ligne 3, ça veut dire femme... Mais c'est de quel genre, siouplaît ?
La professeure, une maîtresse-femme que je vénérais, en avait cassé net sa craie sur le tableau noir avant de se retourner d'une pièce :
- Mulier, mulieris... Femme... Quelle honte, une question pareille !!! C'est de quel genre, À TON AVIS ?
Tassé sur sa chaise devant une indignation et une colère qu'il ne comprenait pas, mon cancre de voisin avait bafouillé, penaud, pendant que je rigolais sous cape :
- Euh... féminin, M'dame ?
On avait onze ans. On suait sur la version d'une langue difficile et point toujours si logique. Et Madame Rochard, d'habitude si pédagogue, avait soudain perdu son latin et sa patience, faisant fi de la règle numéro un de l'enseignement : il n'y a pas de sottes questions... hormis celle-ci, peut-être.
Parce que la parole donne vie à ce que l'on nomme. Parce que dire, c'est faire exister.
Et que, donc, par la chair du verbe, une femme, c'est féminin.
Évidemment.
Avant, oui, à la question "qu'est-ce qu'une femme ?", je m'en serais tirée grâce à toutes ces pirouettes. Oubliant - ou feignant d'oublier - l'essence même de la féminité, notre différence fondamentale avec ce sexe qu'on prétend fort : notre capacité à porter des enfants, qu'on en veuille ou non.
Depuis cela, je ne peux plus l'ignorer.
Cette fouille m'a brutalement (re)mise face à moi-même, face au temps qui passe à mon insu, face à mes choix.
L'intrusion dans mes viscères m'a du même coup confrontée au plus viscéral : à mon désir ambigu, inavoué d'enfant et aussi, forcément, à la mort de ma mère. À ce maillage brutalement interrompu, à cette boucle que je ne bouclerai peut-être jamais.
Avant ma mère, il y eut ma grand-mère. Avant ma grand-mère, une arrière-grand-mère que je n'ai pas connue. Et avant elle encore, une ancêtre dont j'ignore le prénom.
De cette boucle infinie je suis l'héritière jusque dans ma chair.
L'héritière, oui, mais peut-être à la fois le point final d'une lignée qui, ayant pris corps avec moi, mourra dans le mien.
Là, la bonne élève du cours de latin qui se marrait en douce ne rigole plus du tout, elle se remémore.
Elle se remémore ce soir où son feu son amour avait appelé de son ailleurs et murmuré d'une voix blanche :
- Ma vie, c'est du vide. Ma vie, c'est rien. Je passe à côté et je n'ai rien fait. Rien fait de ce que je voulais en faire.
Elle se remémore l'avoir questionné, ébahie :
- Comme ?
Elle se remémore qu'il avait répondu :
- Avoir un enfant.
Elle se remémore ses mots qui le rassuraient d'avoir le temps, celui qui passe si différemment pour les hommes, pensant à part elle "Et que devrais-je dire, moi ?".
Elle se remémore s'être surprise à penser trop vite, hors de propos, à ce que serait leur enfant s'ils en avaient un. À se demander s'il aurait sa chevelure sombre à lui ou sa blondeur à elle, des yeux d'Indonésie ou de Pologne.
Elle se remémore ce soir où elle avait appelé dans son ailleurs et murmuré d'une voix exsangue :
- Le scanner n'est pas bon, je dois être opérée. Peut-être que le chirurgien devra... enlever.
Elle se remémore qu'il avait répondu :
- Tu seras peut-être privée de l'accessoire, mais pas de l'essentiel : la possibilité de porter un enfant et de le mettre au monde.
Elle se remémore ses mots qui la rassuraient, ses mots qui parlaient de solution médicale et de chemin à deux.
Un chemin que, croyait-elle, il était prêt à faire un jour à son côté, puisqu'il en parlait.
À la clinique elle s'est remémoré qu'elle n'était plus la petite fille du cours de latin, mais une femme enduite de Bétadine que le chirurgien allait couper en deux.
Mais avant la clinique ce fut une longue traversée. Une pente abrupte de cailloux où la petite fille réintégra son corps de femme en suppliant d'être une autre, tant il est vrai que le malheur n'arrive qu'aux autres.
Au fond, la petite fille savait bien que le "elle" était devenu un "je".
Un "je" qui se regardait en pied sans se reconnaître et massait son ventre stérile sans ressentir aucune douleur.
- Aucune, vraiment ? s'était étonné le chirurgien.
- Non, aucune.
Promis, juré, ni la petite fille ni la femme ne lui mentaient.
En vérité, femme ou petite fille, je ne ressentais rien et mon corps lui-même n'avait pas changé d'un pouce, du moins dans le miroir.
Mais à mes yeux, il s'était métamorphosé, parce que je savais.
Là se tenait toute la différence entre l'avant et l'après : je savais, et cette connaissance était en soi un fardeau.
À cause d'elle, du jour au lendemain, mon vieux complice de corps s'était changé en ennemi, en traître que je palpais, triturais, trifouillais sans relâche.
- Avoue que tu en chies, saloperie ! grondais-je en enfonçant mes doigts dans mon ventre.
- Avoue que tu souffres, mon petit... pleurnichais-je en le caressant à défaut de le guérir.
Peine perdue. Menace ou supplication, mon corps restait sourd.
Insidieusement, il était devenu une excroissance, un corps étranger que, loin de reconnaître, j'aurais expulsé, lacéré, fauché sur pied.
À grand peine je me contraignais à sa toilette. Le lavais comme on se débarrasse à la va-vite d'une corvée plus tôt commencée, plus tôt finie.
Le vêtir - me vêtir - me causait un énorme souci. Plantée devant la glace, je voulais disparaître, noyer ce félon de vêtements informes mais me faisais violence.
- Non, je ne cèderai pas à ton chantage. Une jupe, des bas, c'est ainsi que les femmes s'habillent, pas vrai... ? Alors c'est ainsi que tu seras aujourd'hui habillé.
Je piochais au hasard dans ma penderie et m'en allais, claudiquant, avec ma jupe et mes bas de carnaval.
J'étais déguisée en femme mais derrière mon déguisement, je n'étais rien.
Rien, et surtout pas une femme digne d'un quelconque amour, incapable que j'étais d'enfanter.
La rupture avec cet homme est arrivée à ce moment-là, au pire moment s'il existe une échelle sur celle du pire.
En un mail il me confirma ce que je soupçonnais : lui ne m'aimait pas.
Et derrière cette négation, j'entendis la négation de ce que j'étais, moi.
Une fille qui l'aimait, femme de part sa naissance, foi du sang qui lui coule dans la douleur une fois par mois entre les cuisses.
Une femme ?
Non, en vérité. Une chose sans sexe au ventre ravagé, juste bonne à donner aux chiens s'ils acceptent de s'en satisfaire.
Une petite chose triste à qui l'on a jeté un os à ronger car, ainsi qu'il me le dit à des milliers de kilomètres en toute innocence - ou plutôt en toute cruauté :
- Si je t'ai parlé de solution médicale et de chemin à deux, c'était en me le reprochant... Je te sentais si mal que, moi, je me sentais obligé... même si je ne le pensais pas.
Erreur, grossière erreur.
Il ne faut mentir ni aux petites filles ni aux femmes, parce que les unes comme les autres croient à ce qu'on leur raconte.
C'est sûrement pour cela que j'ai eu aussi mal.
C'est sûrement pour cela que je suis incapable de lui pardonner. Et que j'ai chialé comme la môme que j'étais en écrivant cet article.
Lun 8 sep 2008
14 commentaires
Rares sont les commentaires que je laisse, même si je dévore tes écris, j'ai pleuré avec toi et toutes mes pensées t'accompagnent.
Il parait que l'on se remet de tout même du pire, au fil du temps je finis par y croire.
Je t'embrasse.
jova - le 12/09/2008 à 14h13
Bonsoir, toi.
Je ne savais pas que tu me lisais, et ça me fait tout drôle (et très plaisir aussi, évidemment).
Je sais que tu comprends ce que j'ai ressenti comme d'autres ne peuvent le comprendre. D'abord parce que tu es une femme ; ensuite parce qu'en l'écrivant, je me suis rappelé une conversation qu'on avait eue il y a longtemps (tu te souviens ?).
Sans vouloir faire de dictinction primaire, je crois même que ce sujet-là ne peut être compris, ressenti totalement que par des femmes. Pas d'un point de vue rationnel, les hommes (du moins certains) ne manquant ni d'intelligence ni d'empathie, mais d'un point de vue "intérieur'", tripal. Car là, c'est dans la chair que ça se passe.
Il paraît, oui, et j'y crois aussi. Et si on ne s'en remet pas totalemet, on le surmonte, surtout quand rien n'est encore perdu ni joué.
J'ai envie d'ajouter à cette très longue réponse la phrase qui me tourne en leitmotiv dans ma tête depuis quelques semaines : quand on arrête de se battre, c'est qu'on est mort.
Et puis je t'embrasse, très très fort, ma BBP. :)
Je ne savais pas que tu me lisais, et ça me fait tout drôle (et très plaisir aussi, évidemment).
Je sais que tu comprends ce que j'ai ressenti comme d'autres ne peuvent le comprendre. D'abord parce que tu es une femme ; ensuite parce qu'en l'écrivant, je me suis rappelé une conversation qu'on avait eue il y a longtemps (tu te souviens ?).
Sans vouloir faire de dictinction primaire, je crois même que ce sujet-là ne peut être compris, ressenti totalement que par des femmes. Pas d'un point de vue rationnel, les hommes (du moins certains) ne manquant ni d'intelligence ni d'empathie, mais d'un point de vue "intérieur'", tripal. Car là, c'est dans la chair que ça se passe.
Il paraît, oui, et j'y crois aussi. Et si on ne s'en remet pas totalemet, on le surmonte, surtout quand rien n'est encore perdu ni joué.
J'ai envie d'ajouter à cette très longue réponse la phrase qui me tourne en leitmotiv dans ma tête depuis quelques semaines : quand on arrête de se battre, c'est qu'on est mort.
Et puis je t'embrasse, très très fort, ma BBP. :)
Chut !
bonsoir chut!
je suis vraiment navrée de ce qui t'arrive...comme tu le dis seule une femme peut vraiment ressentir ce qui se passe à l'intérieur d'une autre femme.. Mais sans doute souvent les mots sont ils insuffisants pour décrire certains sentiments, je ne peux que t'accompagner par la pensée dans cette épreuve dont j'espère tu sortiras sinon vainqueure, au moins plus forte!
amicalement.
mystérieuse inconnue - le 12/09/2008 à 23h56
Bonjour, mystérieuse inconnue,
un immense merci pour ta gentillesse. Promis, demain, je me mets aux haltères. :)
J'ose te faire des bises virtuelles.
un immense merci pour ta gentillesse. Promis, demain, je me mets aux haltères. :)
J'ose te faire des bises virtuelles.
Chut !
...
C'est courageux d'aller jusqu'au bout et de poster un article aussi personnel et douloureux...
"J'étais déguisée en femme mais derrière mon déguisement, je n'étais rien."
Etrange comme on se sent plus "femme" en jupe ou en robe... étrange de constater que le contenant change le contenu... l'inverse est également vrai, d'ailleurs...
"Il ne faut mentir ni aux petites filles ni aux femmes, parce que les unes comme les autres croient à ce qu'on leur raconte."
Et aussi parce que les petites filles, comme les femmes, sont assez fortes pour préférer la vérité qui blesse à une hypocrisie qui fâche.
Mentir pour épargner l'autre... c'est malsain et encore plus douloureux, je crois, que la plus dure vérité. C'est une forme de trahison.
C'était lâche de sa part. Et... méprisable. Le genre de souffrance inutile et méprisable...
Je te souhaite de trouver, peut-être pas le mépris, mais l'apaisement.
Cruchotte - le 13/09/2008 à 23h04
Courageux, je ne sais pas. Voilà si longtemps que tout cela tournait dans ma tête qu'il fallait que je m'en défasse, ne serait-ce que par écrit. Ce billet m'a pris une
très longue et dure nuit d'écriture... un peu, toutes proportions gardées, comme un accouchement dans la douleur, avec l'envie de renoncer en cours de route.
En vérité, je ne me sentais pas davantage femme en robe ou jupe. Mais comme les enfants qui jouent à faire comme si (sauf que ce n'était pas un jeu), je prenais l'allure de en espérant que. Je crois, aussi, que j'essayais de donner le change aux autres, à défaut de le donner à moi-même.
Oui, comme tu l'écris, le mensonge est (souvent) plus dur que la vérité. Car c'est finalement lui qui tue : vouloir épargner l'autre revient à l'achever, fût-ce avec les meilleures intentions du monde... celles-la même dont l'enfer est pavé.
De mépris, je n'en ai pas. Des regrets, si. Quant à la paix, je la cherche.
Merci à toi pour tes mots si justes.
En vérité, je ne me sentais pas davantage femme en robe ou jupe. Mais comme les enfants qui jouent à faire comme si (sauf que ce n'était pas un jeu), je prenais l'allure de en espérant que. Je crois, aussi, que j'essayais de donner le change aux autres, à défaut de le donner à moi-même.
Oui, comme tu l'écris, le mensonge est (souvent) plus dur que la vérité. Car c'est finalement lui qui tue : vouloir épargner l'autre revient à l'achever, fût-ce avec les meilleures intentions du monde... celles-la même dont l'enfer est pavé.
De mépris, je n'en ai pas. Des regrets, si. Quant à la paix, je la cherche.
Merci à toi pour tes mots si justes.
Chut !
"Courageux, je ne sais pas. Voilà si longtemps que tout cela tournait dans ma tête qu'il fallait que je m'en défasse, ne serait-ce que par écrit. Ce billet m'a pris une très longue et dure nuit d'écriture..."
Ben oui, je persiste, ça l'est. S'obliger à revoir minutieusement tout ce qui te fait souffrir pour le mettre par écrit de la façon la plus juste possible, c'est courageux, quand il est plus facile de détourner la tête et d'arrêter.
Bises à toi.
Cruchotte (têtue ^^) - le 14/09/2008 à 01h02
Je m'incline en m'interrogeant : mais pourquoi "gladiateur" n'a-t-il pas de féminin ?
Des bises aussi. Evidemment. :)
Des bises aussi. Evidemment. :)
Chut !
"Je m'incline en m'interrogeant : mais pourquoi "gladiateur" n'a-t-il pas de féminin ?"
Mmmmh... peut-être parce que le boulot requérait des qualités essentiellement masculines pour nos amis Romains, telles que les muscles, les muscles, le courage, la combativité... en un mot, la virilité ? (tiens, c'est féminin, ce mot...)
Ou alors, je me permets de supposer que la gent féminine était sous-représentée dans cette profession périlleuse; ce qui explique qu'on n'a jamais eu à parler d'une combattante, puisque le besoin du mot ne se faisait pas sentir.
Et "sage-femme" et "vestale"... ont-ils un masculin? :p
Cruchotte - le 14/09/2008 à 21h20
Nan, je crois qu'en matière de sous-représentation, les hommes se sont longtemps non posés là dans les deux catégories sus-évoquées. N'empêche que je veux céans
réparer une criante injustice : puits de science devrait avoir un féminin.
Mais que fait donc l'Académie ?
J't'embrasse, Cruchotte. :)
Mais que fait donc l'Académie ?
J't'embrasse, Cruchotte. :)
Chut !
Très joli texte, j'espère que tu vas relever la tête. je ne peux qu'imaginer la douleur de ne pouvoir être maman, moi qui me bouffe la vie et m'insurge quand les gens me disent " mais tu es jeune, tu as le temps". et pour la rupture, je comprends malheureusement. et tu as raison faut pas nous mentir, on est trop fragiles pour ça
courage
Aurélie - le 14/09/2008 à 23h50
Bonsoir Aurélie,
les discours normatifs des gens "bien intentionnés" - ou bien-pensants - m'indisposent : la maternité n'est à mon sens pas une question d'âge (bon, passé 45 ans, ça se discute...), mais de personne, de cheminement. Telle femme sera prête à la vingtaine à devenir mère, telle autre ne le sera pas à 30. Ce qui a été mon cas.
Je ne sais pas, en vérité, si je pourrai être maman un jour. Disons, aussi, que je n'ai pas envie de faire un éventuel bébé toute seule. Un enfant est pour moi la suite logique (le couronnement ?) d'une belle histoire, une aventure qu'on entreprend à deux.
Pour le mensonge, arf... Je ne peux que te donner raison.
Et je t'embrasse.
les discours normatifs des gens "bien intentionnés" - ou bien-pensants - m'indisposent : la maternité n'est à mon sens pas une question d'âge (bon, passé 45 ans, ça se discute...), mais de personne, de cheminement. Telle femme sera prête à la vingtaine à devenir mère, telle autre ne le sera pas à 30. Ce qui a été mon cas.
Je ne sais pas, en vérité, si je pourrai être maman un jour. Disons, aussi, que je n'ai pas envie de faire un éventuel bébé toute seule. Un enfant est pour moi la suite logique (le couronnement ?) d'une belle histoire, une aventure qu'on entreprend à deux.
Pour le mensonge, arf... Je ne peux que te donner raison.
Et je t'embrasse.
Chut !
Ma BBP !!!
Oui je te lis depuis quelques temps déjà.... J'aime ton écriture, j'aime lire mais en ai si peu le temps...
Il ne faut pas baisser la garde, j'en suis la preuve vivante, mes deux beaux enfants sont là et pourtant rien ne m'a été épargné, salpingite (2), endométriose, infections à répétition, opérations multiples, pleins de trucs en moins... Et aujourd'hui le comble c'est que je suis devenu super fécondable !!!
Tu sais je ne pourrais te conseiller autre chose que la rage face à cela, il n'y a que çà qui marche. Je t'embrasse.
jova - le 15/09/2008 à 11h54
Tes mots, tu t'en doutes, me touchent infiniment. Ici comme ailleurs, pour cette "cause"-là comme pour une autre, il faut garder sa rage et y croire. Tu en es la
preuve. Et tu le sais - mais cela fait longtemps que je ne te l'ai pas dit -, que tu as tout mon respect, doublé d'une énAUrme dose d'affection.
Un gros gros câlin virtuel, ma BBP.
Un gros gros câlin virtuel, ma BBP.
Chut !
Très beau texte. Je ne suis pas une femme, mais en te lisant je pense pouvoir un peu ressentir ce que tu décris, comprendre ce que tu ressens.
Et puis, le fait même que tu arrives à l'écrire, à coucher ces mots, ça m'impressionne.
louis - le 15/09/2008 à 18h22
Merci, Louis. Tes mots sont précieux pour moi, comme ta grande délicatesse.
Je t'embrasse.
Je t'embrasse.
Chut !
Ma BBP, merci !!!
Mais il y a certaines causes que d'autres se plaisent à détruire et à salir, il faut savoir parfois baisser les bras pour éviter de se détruire soi même. cela n'a bien sur rien à voir avec la chose pour laquelle toi tu dois te battre. Les plus durs batailles sont celles que l'on méne pour soi, on a souvent tendance à mener des batailles "ailleurs" pour masquer celles qui nous font vraiment du mal. Il m'a fallu du temps pour comprendre çà. Je me battais mal, je me faisais mal et j'en étais arrivé à m'oublié. Aujourd'hui je suis avant tout égoïste, pour moi pour ma famille, j'ai appris à ne plus me donner sans raison, je me donne avec du recul, comme je le fais dans la vie pro. Moi mes blessures, mes peines, nous allons mieux, c'est ce dont nous avons besoin pour progresser et pour nous en sortir.
Je te souhaite la même chose, tu le mérites, comme tu mérites quelqu'un de sincére dans ta vie, quelqu'un de vrai, ton double qui existe quelque part.
Je me souviens d'avoir dit un jour suite à une séparation douloureuse "je viens de quitter l'homme de ma vie", erreur (mais je ne l'ai su que plus tard, je vis aujourd'hui avec. Il était juste bien caché, et il ajuste fallu que je me lance dans la pire des batailles pour pouvoir mériter ce que je vis aujourd'hui.
Pleins de choses à toi, et je continue à te lire....
jova - le 16/09/2008 à 12h19
Merci, ma BBP. Tu as dit l'essentiel... sur tout : les combats, nos combats, les pauses et le recentrage nécessaires.
Tiens, toi aussi tu as pensé ça ? Et tu en es revenue en t'en félicitant ? Voilà un point commun supplémentaire !
Plein de choses à toi aussi, évidemment. Que ton bonheur dure encore et encore, parce que tu es vraiment une super nana (et je pèse mes mots).
Tiens, toi aussi tu as pensé ça ? Et tu en es revenue en t'en félicitant ? Voilà un point commun supplémentaire !
Plein de choses à toi aussi, évidemment. Que ton bonheur dure encore et encore, parce que tu es vraiment une super nana (et je pèse mes mots).
Chut !
Comme toi, blessée dans les "tripes" je le suis en lisant ton texte. Mon coté sensible doit prendre le dessus même si je suis un homme car c'est vraiment dur ce que tu nous fais partager.
Je suis sur que tu ne vas pas lacher le morceau et te battre tout le temps.
je suis très touché par ton écriture, ta vie, je t'envoie beaucoup de tendresse
Christian - le 17/09/2008 à 16h12
Bonsoir Christian,
non, comme on dit, je ne suis pas du genre à "lâcher l'affaire". Faut "juste" le temps que ça cicatrise.
Je prends la tendresse et t'en envoie en retour.
Merci.
non, comme on dit, je ne suis pas du genre à "lâcher l'affaire". Faut "juste" le temps que ça cicatrise.
Je prends la tendresse et t'en envoie en retour.
Merci.
Chut !