Le blog de Chut !
Souvent, en rédigeant ce blog, je m'interroge : n'est-il pas impudique ?
Nombre d'articles relèvent de l'intime, de la confession (très) privée. J'y couche ce que je n'ai même pas révélé à des proches. Je m'y expose au risque de déranger le visiteur. Étranger à mon histoire, il ne souhaite peut-être pas y entrer.
Bien sûr, il est libre de suspendre sa lecture, de quitter la page, de ne jamais revenir.
N'empêche... Ne se sent-il pas gêné d'avoir entrebâillé une porte qui, à ses yeux, aurait dû rester fermée ?
J'ai peur de lui causer un embarras auquel il ne s'attendait pas. Ou de susciter une curiosité malsaine que je n'ai pas cherché à faire naître.
Son jugement m'est par contre égal. Qu'il me considère radoteuse, déraisonnable, dépressive, je m'en fiche. Je suis certainement tout cela à la fois, mais pas assez pour qu'on m'en fasse le procès.
Bien sûr aussi, je dis beaucoup, mais je ne dis pas tout. Se confier ne signifie pas se répandre, ouvrir les vannes sans contrôler le débit de ce qui jaillit. Certains actes, événements ou pensées resteront frappés du sceau du secret. Leur place n'est pas ici, mais auprès de mon compagnon, de mes amies, ou enfouis dans mon cerveau.
N'empêche... Ce que j'écris n'est-il pas déjà trop ? Souvent, je me le demande.
Je crains d'indisposer les personnes qui me sont chères (et toi en particulier, S. mon adorée). De leur infliger des récits qui les heurtent, une violence dont elles préfèreraient se garder.
De l'intime au sordide, la limite est ténue. Si ténue qu'elle n'est qu'une question de point de vue.
Je sais également que le contenu de mon blog est susceptible de se retourner un jour contre moi.
Que l'on perce mon anonymat n'est pas à mes yeux un réel problème : j'assume qui je suis et ce que je produis ; j'imagine mal quelqu'un me harceler au téléphone ou poireauter en bas de mon immeuble.
De mon côté, cela supposerait une importance que je n'ai pas ; du sien, beaucoup de temps à perdre...
Probable, en revanche, que mes confessions me mettent en porte-à-faux par rapport à ceux que je fréquente de loin. Ils ont un accès à moi que je n'ai pas à eux. Je les crois cependant assez délicats pour ne pas le mentionner ni en tirer avantage.
Plus embêtant : elles pourraient servir de leviers à des âmes mal intentionnées. Tous les lecteurs ne sont pas bienveillants, l'expérience des forums me l'a prouvée.
En dépit de tout cela, je pense (j'espère) garder assez de recul. D'abord pour ne pas me livrer au point de me vider, de me perdre, de me nuire. Ensuite pour m'exposer en me gardant malgré tout à couvert.
L'écriture est pour moi un exercice duel et salvateur : à la fois transcription au plus juste et mise à distance. Ma vie a beau m'appartenir, dès le moment où je la publie, elle m'échappe. J'ai beau être seule à la vivre, tout d'un coup, je la partage.
Forcée, cette dépossession serait un pillage. Consentie, elle est source de richesse.
Nombre d'articles relèvent de l'intime, de la confession (très) privée. J'y couche ce que je n'ai même pas révélé à des proches. Je m'y expose au risque de déranger le visiteur. Étranger à mon histoire, il ne souhaite peut-être pas y entrer.
Bien sûr, il est libre de suspendre sa lecture, de quitter la page, de ne jamais revenir.
N'empêche... Ne se sent-il pas gêné d'avoir entrebâillé une porte qui, à ses yeux, aurait dû rester fermée ?
J'ai peur de lui causer un embarras auquel il ne s'attendait pas. Ou de susciter une curiosité malsaine que je n'ai pas cherché à faire naître.
Son jugement m'est par contre égal. Qu'il me considère radoteuse, déraisonnable, dépressive, je m'en fiche. Je suis certainement tout cela à la fois, mais pas assez pour qu'on m'en fasse le procès.
Bien sûr aussi, je dis beaucoup, mais je ne dis pas tout. Se confier ne signifie pas se répandre, ouvrir les vannes sans contrôler le débit de ce qui jaillit. Certains actes, événements ou pensées resteront frappés du sceau du secret. Leur place n'est pas ici, mais auprès de mon compagnon, de mes amies, ou enfouis dans mon cerveau.
N'empêche... Ce que j'écris n'est-il pas déjà trop ? Souvent, je me le demande.
Je crains d'indisposer les personnes qui me sont chères (et toi en particulier, S. mon adorée). De leur infliger des récits qui les heurtent, une violence dont elles préfèreraient se garder.
De l'intime au sordide, la limite est ténue. Si ténue qu'elle n'est qu'une question de point de vue.
Je sais également que le contenu de mon blog est susceptible de se retourner un jour contre moi.
Que l'on perce mon anonymat n'est pas à mes yeux un réel problème : j'assume qui je suis et ce que je produis ; j'imagine mal quelqu'un me harceler au téléphone ou poireauter en bas de mon immeuble.
De mon côté, cela supposerait une importance que je n'ai pas ; du sien, beaucoup de temps à perdre...
Probable, en revanche, que mes confessions me mettent en porte-à-faux par rapport à ceux que je fréquente de loin. Ils ont un accès à moi que je n'ai pas à eux. Je les crois cependant assez délicats pour ne pas le mentionner ni en tirer avantage.
Plus embêtant : elles pourraient servir de leviers à des âmes mal intentionnées. Tous les lecteurs ne sont pas bienveillants, l'expérience des forums me l'a prouvée.
En dépit de tout cela, je pense (j'espère) garder assez de recul. D'abord pour ne pas me livrer au point de me vider, de me perdre, de me nuire. Ensuite pour m'exposer en me gardant malgré tout à couvert.
L'écriture est pour moi un exercice duel et salvateur : à la fois transcription au plus juste et mise à distance. Ma vie a beau m'appartenir, dès le moment où je la publie, elle m'échappe. J'ai beau être seule à la vivre, tout d'un coup, je la partage.
Forcée, cette dépossession serait un pillage. Consentie, elle est source de richesse.
Sam 5 jan 2008
4 commentaires
Choquer l'autre n'est pas un souci, l'avertissement du départ est sans équivoque. Public adulte exclusivement.
Cela prévient que la teneur de ce que nous allons voir ou lire n'est pas à la portée de tous.
Quant à la limite de l'impudeur; elle reste propre à chacun, dépend de ce que nous avons à faire sur un blog.
L'essentiel est ailleurs; ce que tu souhaites partager, évoquer, vider.
Je pense savoir ce qui te fait écrire cet article; ceci dit...:)
ether-et - le 06/01/2008 à 03h03
... :D Pas besoin de mots pour certaines choses, surtout entre nous...
Chut !
Chut tu ne dis pas tout, mais est ce que l'on dit l'intégralité de soi même aux êtres les plus chers ? Ce puzzle dont tu livres des fragments au fil de tes écris, est ce déjà trop ? Pour les lecteurs aux motivations troubles, le peu est toujours trop . La tenue d'un blog intimiste est un cheminement sur une ligne de crête, un flirt entre ombre et lumière .
A chaque lecture, j'ai toujours un ressenti en deux temps . Dans un premier encore sous le charme de ton écriture et mon attrait pour le thême abordé, je fais souvent un commentaire . Puis vient le temps de la réflexion, fréquemment j'éprouve une forme d'embarras et parfois de gène . L'impression d'être entré par effraction dans une part de ton intime, comme si j'avais profité de ton absence pour parcourir une lettre non encore postée . Puis je reviens à la réalité intrinsèque du blog, je ne suis que le dépositaire d'une confidence non sollicitée .
Trekker - le 06/01/2008 à 03h54
Trekker, beaucoup à (te) dire sur ce sujet. Il faut que je me décolle de mes articles (un gouffre temporel !) pour t'écrire en correspondance privée. Ici, ce serait... impudique. :)
Chut !
"Ne se sent-il pas gêné d'avoir entrebâillé une porte qui, à ses yeux, aurait dû rester fermée ?
J'ai peur de lui causer un embarras auquel il ne s'attendait pas. Ou de susciter une curiosité malsaine que je n'ai pas cherché à faire naître."
L'embarras ? boâh... comme le dit Ether, l'avertissement est limpide sur le contenu. Au lecteur d'assumer ses lectures.
"Ce que j'écris n'est-il pas déjà trop ? Souvent, je me le demande.
Je crains d'indisposer les personnes qui me sont chères (et toi en particulier, S. mon adorée). De leur infliger des récits qui les heurtent, une violence dont elles préfèreraient se garder.
De l'intime au sordide, la limite est ténue. Si ténue qu'elle n'est qu'une question de point de vue."
Mmmmh... tant que tu respectes l'anonymat d'autrui...
J'ai lu quelques blogs. Certains d'entre eux étaient beaucoup plus explicites que le tien.
J'ai appris que, quoique le blogueur (ou blogueuse) poste, il faut garder à l'esprit que, ce qu'on lit, ce n'est pas vraiment la personne dans sa totalité, c'est ce ce qu'elle veut bien montrer. En apparence, certains montrent tout, mais en apparence seulement. Il n'empêche que la vraie personne n'est pas réellement connue, elle reste un personnage, qui a un aspect réel, certes, puisqu'il écrit sur lui, un personnage pour lequel on a de l'estime, de la sympathie, mais paradoxalement, on ne peut pas en dire qu'on le "connaît" si on n'a jamais discuté avec lui en vrai.
Je ne pense pas qu'il y ait du "trop" ou du "pas assez" dans le contenu d'un blog... mais seulement les limites que se fixe le blogueur. Ou le lecteur.
Quant au sordide... je pense que tu écris avec suffisamment de sang-froid et de réflexion pour l'éviter.
Mais là encore, ça dépend des sensibilités. Pour quelqu'un à l'esprit étroit (pour ne pas dire pire) le simple fait que tu t'habilles comme tu le souhaites rend ce blog innommable...
Miss Cruchote - le 08/01/2008 à 12h02
Non, je ne suis pas embarrassée en lisant tes billets les plus intimes, je suis réconfortée.
Car tu évoques des sujets qui me tiennent à coeur et j'aime pouvoir ainsi y repenser quand ils sont vus sous un autre prisme.
J'avais des amies très proches et très chères il y a quelques années, mais "il ventait devant ma porte...". Et je n'en ai plus. Il n'y a plus de partage.
Toi, c'est un échange que tu offres, et il m'est précieux. Merci!
Orage - le 02/02/2009 à 07h32
Orage,
tes retours me sont aussi précieux ! Ce que je trouve fascinant dans l'aventure blog, c'est justement ça : ce phénomène de reconnaissance et le tissage de liens avec des inconnus, qui le deviennent forcément moins. Et il y a parfois de très jolies rencontres à la clef.
Ca me fait penser au célèbre "on peut rire de tout, mais pas avec tout le monde". Là, pareil : on peut tout partager, mais pas avec tout le monde. Pour Stendhal, c'était les happy few (mais je n'aurais ni la prétention d'en faire partie, ni celle d'écrire pour eux).
tes retours me sont aussi précieux ! Ce que je trouve fascinant dans l'aventure blog, c'est justement ça : ce phénomène de reconnaissance et le tissage de liens avec des inconnus, qui le deviennent forcément moins. Et il y a parfois de très jolies rencontres à la clef.
Ca me fait penser au célèbre "on peut rire de tout, mais pas avec tout le monde". Là, pareil : on peut tout partager, mais pas avec tout le monde. Pour Stendhal, c'était les happy few (mais je n'aurais ni la prétention d'en faire partie, ni celle d'écrire pour eux).
Chut !