Le blog de Chut !

Mot de passe...
L'expression me plaît. Elle évoque l'interdit, le passage, le pouvoir du langage.

Prononcer ce mot, c'est comme réciter une formule magique. Il est le sésame qui ouvre la porte d'un club privé, d'un lieu interlope, d'une réunion de conspirateurs.
Si on le connaît, on entre.

Si on l'ignore, on reste dehors.

Dans l'univers BDSM, il a une signification différente : il n'autorise aucun après, il interrompt.

Lancé par le soumis (ou la Maîtresse), son stop signe la fin de la séance.

Poursuivre serait un manque de respect, une entorse flagrante au contrat de confiance liant les partenaires. De passe, le mot devient de sauvegarde (safe word).

Mais pour jouer son rôle de filet, il doit être choisi avec soin.
Le simple non est déconseillé : il cache trop de "oui". D'un non désireux - et craint - d'être forcé à un non catégorique, seule l'intonation change. Trop pris par le jeu, on en oublie parfois le sens de la nuance.
S'arrêter sur un non qui demande davantage, c'est frustrer le soumis... et soi-même.
Poursuivre en dépit d'un non qui en a plus qu'assez, c'est une catastrophe.

Une fois j'entendis un safe word crié par un "soumis". En vérité cet homme ne l'était pas, ou à certaines conditions que je ne remplissais pas.
Le BDSM ne l'attirait pas plus que ça. Il y avait déjà songé, oui, mais seulement dans le cadre d'une relation installée : son humiliation nécessitait une complicité et un abandon qui excluaient la première Maîtresse venue.
Or, avant qu'il ne se trouve nu devant moi, nous ne nous étions jamais vus.
Avec un homme rompu à ces pratiques, j'ignore comment je prendrais un refus. Peut-être pas très bien. Non à cause de lui (je ne le taxerais pas de faux-soumis-même-pas-motivé-qui-me-les-brise-menu), mais à cause de moi.
Si mon partenaire se dérobe, cela signifie que je suis allée trop loin. Que j'ai, sans le vouloir, outrepassé ses limites. Que j'ai infligé ce qu'il ne pouvait supporter. Que j'ai été trop (dure, exigeante, violente) ou pas assez (prévenante, intuitive, perspicace).
En un mot, que j'ai été mauvaise.

Mot de passe 2Être une bonne Maîtresse est un art complexe. Sûrement parce qu'en idéal, le BDSM est un art tenant autant de l'improvisation maîtrisée, de l'exercice de haute voltige que du funambulisme.
Mon partenaire et moi, nous marchons en équilibre sur la corde tendue de nos désirs, de nos émotions, mais aussi de nos peurs.
Je suis là pour le guider, il m'éclaire en retour le chemin.

Si je trébuche, il me retient.

S'il hésite, je prends sa main pour l'emmener plus loin.

Nous cheminons l'un derrière l'autre, puis l'un devant l'autre, sur la corde qui nous relie. Mais, fragile, elle peut aussi se dérober sous nos pas et nous séparer.

 

 

Photo de Gilles Berquet.

Sam 29 déc 2007 4 commentaires
Maîtresse, vous êtes parfaite, et c’est pour cela que j’ai confiance, que je m’efforce d’être un bon soumis. Vous savez être une bonne Maîtresse, et je vous respecte profondément. Un bon soumis est respectueux de sa Maîtresse. J’aime à penser que la réciproque est vraie. Merci, Maîtresse. Si le « safe word » existe, qui interrompt, j’aimerais vous dire son opposé, (le « Sade word » ?) qui incite à aller plus loin…
Soumis - le 29/12/2007 à 09h47
Le mot de passe ou les maux dépassés ?
Trekker - le 29/12/2007 à 21h40
MAGISTER DIXIT...
Stannis - le 03/01/2008 à 21h53
Je viens de consulter votre blog et je suis agréablement surpris de la qualité et de l'authenicité de vos propos BDSM ! ALDABARA Vous êtes une perle ! Page34
page34 - le 27/02/2008 à 19h16
Wow ! Une perle ? Euh... Je ne sais pas... mais merci beaucoup, c'est un très joli compliment. Et ton pseudo m'a fait sourire : qu'y a-t-il donc en page 33 ? :p
Chut !