Le blog de Chut !

Une jupe qui étrangle la taille, un pantalon qui compresse le ventre, un pull en laine qui gratte...
Les vêtements trop petits ou mal choisis sont de vraies plaies du quotidien. Leur capacité de nuisance transforme une journée banale en supplice ininterrompu. Tout mouvement coûte, tout geste inconsidéré se paye en monnaie de ridicule.
Vous tirez sur votre chandail ? Aussitôt, une rangée de mailles se démaillent, dévoilant vos bourrelets.
Vous prenez une large goulée d'air ? Les boutons de votre chemise sautent pour s'ouvrir sur le blanc passé de votre brassière de mémé.
Vous vous accroupissez sans crier gare ? La fermeture éclair de votre corsaire craque, révélant votre raie des fesses.

Les bons vêtements, c'est comme les corps en bonne santé : ils savent se faire oublier.

Et je ne parle même pas des dessous mal coupés, des slips qui vous scient la culotte de cheval, des soutien-gorges qui vous scalpent les seins, des bas qui tiennent tout seuls. Ceux-là ne sont jolis que sur les filles taille mannequin à la télé. Mais dans la réalité, leur
bande élastique vous tronçonne la cuisse. Les jambes transformées en jambonneaux, il ne vous manque que, tatoué sur le lard, le label rouge "petite cochonne".
Pour le romantisme échevelé, on repassera.

undefined Celui (celle) qui a dit en premier qu'il "faut souffrir pour être belle" mérite deux claques.
La beauté ne se mérite pas, elle se cultive. Seule exception vestimentaire à cette nouvelle règle : le port du corset.

Serré à bloc, le corset est un instrument de torture. Prison créée par des doigts de fée, carcan contre nature, il écrase la poitrine, comprime l'estomac, coupe la respiration, restreint les mouvements.
Si inconfortable mais si splendide à porter : sous les effets conjugués des liens, des attaches et des baleines, la taille s'amenuise, les hanches s'arrondissent pour s'épanouir en feu d'artifice. Gainé de cuir, de satin ou de soie, le dos se tient droit.
La colonne vertébrale s'allonge. Le cou se tend et prend la pose. Hiératique, forcément.

J'aime la contrainte dictée par cette seconde peau.
Lorsque je l'enfile, j'ai la délicieuse sensation de devenir une autre : moi en mieux.
Ven 28 déc 2007 2 commentaires
Corset et contrainte ( s ) ou contraindre le corps pour être autre, celle qu'on voudrait être sans cet artifice ? ...
Trekker - le 29/12/2007 à 21h47
Très joli texte sur le corset, comme tout le reste du blog. Ravie de venir te lire à chaque fois. Amitiés, Anna
Anna - le 04/01/2008 à 20h59
Anna, vraiment heureuse de t'accueillir ici ! Et longue vie à ces fanfreluches qui rend la nôtre plus belle... Amitiés aussi :)
Chut !