Le blog de Chut !

De profil, de biais, le matador virevolte dans l'arène. Il n'ignore pas le danger qui est là, déboule sur lui de tout le martèlement de ses sabots.
Il ne l'ignore pas mais s'y soustrait d'un coup de talon dans le sable déjà gorgé de sang.

Ses banderilles hérissent le corps de l'ennemi. À moins que ce corps ne soit le sien, tant l'ennemi et lui, soudés par la même rage, ne forment qu'un bloc compact de chair hargneuse, une somme de deux réduite à un.
L'ennemi et lui... L'ennemi est lui.

L'heure de l'hallali a sonné.
L'épée sortie du fourreau camouflée le long du bras, l
e matador se tourne. Avec grâce, de profil ou de biais, car c'est ainsi qu'il offre la moindre prise à l'ennemi dans cette corrida qu'est la vie.

L'art de la lutte est aussi, surtout, un art de l'esquive.
Je comprends à présent pourquoi j'ai une sciatique.
Sam 13 sep 2008 1 commentaire
Très belle métaphore de la vie, qui me touche d'autant que la corrida est dans mes gènes.. Ou as tu trouvé ce magnifique tableau illustratif ?
Léo - le 25/09/2008 à 12h00
Je l'ai trouvé en farfouinant sur le net. Coup de foudre pour les couleurs, le mouvement et l'énergie qui se dégagent de cette toile.
Je
copie ici la phrase qui est utilisée comme légende, pour le moins décalée :
“Every country gets the circus it deserves. Spain gets bullfights. Italy gets the Catholic Church. America gets Hollywood.”
Erica Jong (American writer and feminist, 1942)
Chut !