Le blog de Chut !
Le mot "muse" n'a en français pas de masculin. Pourtant, il devrait.
Les quelques hommes que j'ai aimés, vraiment aimés, m'ont fait écrire. Grâce à eux (ou à cause d'eux...), j'étais poussée par la nécessité de transcrire sur le papier un surplus d'être. Un foisonnement d'âme en balbutiements, en sources vives et en geysers.
Ce que je ne pouvais leur dire, je l'écrivais. Et en leur absence, les mots me permettaient de jouir à nouveau d'eux.
Pour moi, écrire, c'est revivre. Exécuter un double salto arrière pour me replonger dans le flux et le flot de la mémoire.
Mais écrire, comme je l'expliquais à Emmanuel, c'est aussi sublimer. Tresser des couronnes de phrases pour célébrer la peau de l'autre, son visage, ses expressions, ses gestes. Cette façon si particulière qu'il a d'être et qui nous le rend si précieux. Irremplaçable.
Vite, par les mots fixer le fugace avant qu'il ne s'évapore, avec la douloureuse conscience d'être toujours en-deçà.
Comment restituer le grain exact de son épiderme ? Les inflexions particulières de sa voix ? L'élan qui nous tord le cœur à sa simple vue ?
Impossible.
Le texte en cours est au pire un décalque raté, au mieux un compromis. Mais bon an mal an, pierre après pierre, il prend des allures d'édifice, de temple d'encre érigé à la sueur de la plume.
La douleur surgit quand le temple se change en mausolée. Qu'on se retrouve, seul devant sa feuille, à célébrer une histoire défunte.
Le temps de la magnification est révolu. Place à celui de la destruction.
L'aimé n'est plus l'idole du temple, il est la statue déboulonnée fracassée sur les marches, celle dont les anciens fidèles piétinent les débris.
Qu'l y ait ou non rancœur, l'écriture n'est plus louanges, elle est mise à mort.
Sur Feu mon amour j'avais commencé un roman. Je lui en ai fait lire des bribes, j'ai eu tort : loin de lui plaire, le cadeau si patiemment, passionnément élaboré l'encombrait. Il était trop gros, trop pesant, trop révélateur de tout ce qui nous séparait.
J'aimerais, avant de partir pour un long voyage, terminer ce texte. Il me reste une bonne moitié à rédiger, mais cette écriture-là, je le sais, sera souffrance.
Parce qu'elle me fera inévitablement replonger dans le magma des mois écoulés, renouer avec ce que je tente désespérément d'oublier.
Néanmoins, je le crois, la souffrance peut être source de libération.
Souvent, je me dis que la condition de ma paix, c'est le point final.
Le point final de ce roman qui, du même coup, achèvera pour moi notre histoire.
Littérature exceptée, je n'ai jamais aimé les points... de suspension.
Les quelques hommes que j'ai aimés, vraiment aimés, m'ont fait écrire. Grâce à eux (ou à cause d'eux...), j'étais poussée par la nécessité de transcrire sur le papier un surplus d'être. Un foisonnement d'âme en balbutiements, en sources vives et en geysers.
Ce que je ne pouvais leur dire, je l'écrivais. Et en leur absence, les mots me permettaient de jouir à nouveau d'eux.
Pour moi, écrire, c'est revivre. Exécuter un double salto arrière pour me replonger dans le flux et le flot de la mémoire.
Mais écrire, comme je l'expliquais à Emmanuel, c'est aussi sublimer. Tresser des couronnes de phrases pour célébrer la peau de l'autre, son visage, ses expressions, ses gestes. Cette façon si particulière qu'il a d'être et qui nous le rend si précieux. Irremplaçable.
Vite, par les mots fixer le fugace avant qu'il ne s'évapore, avec la douloureuse conscience d'être toujours en-deçà.
Comment restituer le grain exact de son épiderme ? Les inflexions particulières de sa voix ? L'élan qui nous tord le cœur à sa simple vue ?
Impossible.
Le texte en cours est au pire un décalque raté, au mieux un compromis. Mais bon an mal an, pierre après pierre, il prend des allures d'édifice, de temple d'encre érigé à la sueur de la plume.
La douleur surgit quand le temple se change en mausolée. Qu'on se retrouve, seul devant sa feuille, à célébrer une histoire défunte.
Le temps de la magnification est révolu. Place à celui de la destruction.
L'aimé n'est plus l'idole du temple, il est la statue déboulonnée fracassée sur les marches, celle dont les anciens fidèles piétinent les débris.
Qu'l y ait ou non rancœur, l'écriture n'est plus louanges, elle est mise à mort.
Sur Feu mon amour j'avais commencé un roman. Je lui en ai fait lire des bribes, j'ai eu tort : loin de lui plaire, le cadeau si patiemment, passionnément élaboré l'encombrait. Il était trop gros, trop pesant, trop révélateur de tout ce qui nous séparait.
J'aimerais, avant de partir pour un long voyage, terminer ce texte. Il me reste une bonne moitié à rédiger, mais cette écriture-là, je le sais, sera souffrance.
Parce qu'elle me fera inévitablement replonger dans le magma des mois écoulés, renouer avec ce que je tente désespérément d'oublier.
Néanmoins, je le crois, la souffrance peut être source de libération.
Souvent, je me dis que la condition de ma paix, c'est le point final.
Le point final de ce roman qui, du même coup, achèvera pour moi notre histoire.
Littérature exceptée, je n'ai jamais aimé les points... de suspension.
Jeu 28 aoû 2008
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