Le blog de Chut !
La vie est tissée de
rencontres.
La plupart ne nous marquent pas : ce sont des gens qu'on croise ou qu'on nous présente. On discute un moment, on boit éventuellement un verre. On accroche plus ou moins, puis on oublie.
Ce qui, quelques semaines plus tard, donne à peu près ça :
- Salut, Chut ! Tiens, hier, j'ai revu Truc.
- Truc ? Mais qui c'est, Truc ?
- Tu ne te souviens pas de lui, vraiment ?
- Minute (réflexion intense)... Ah, le gars au bonnet ridicule en peau de zébu, qui collectionnait les boîtes à camembert ?
- Non, non, son copain !
- Euh... Très vaguement. Et même de si loin que j'aurais juré qu'il n'était pas là.
D'autres rencontres nous donnent envie de creuser davantage. La personne en face nous intéresse, nous intrigue, nous attire. Un bon feeling qui nous pousse à ne pas nous arrêter au superficiel, à en savoir plus, à désirer un début d'intimité.
On sent, on est même certains qu'on pourrait devenir ami(e)s... voire plus si affinités.
En dépit de notre envie, les circonstances ne s'y prêtent pas toujours. La faute à cette vie mal fichue, à son déroulement chaotique, à son timing désynchronisé - cause de bien d'histoires d'amitié ou d'amour avortées, il paraît... :).
Sans compter que, de son côté, le temps fait parfois défaut. Chacun est absorbé par son travail, ses problèmes, ses loisirs, ses sorties, sa famille, son propre cercle de connaissances. Les quelques rendez-vous prévus sont reportés, puis plus d'actualité ; les semaines défilent sans qu'on reprenne contact.
De fil en aiguille, le lien distendu finit par se rompre.
Souvent, on se le reproche. Si au lieu de traîner chez soi, on avait décroché le téléphone... demandé des nouvelles, causé au répondeur... Mais l'autre aurait également pu en prendre l'initiative, non ?
Et même s'il la prend, encore faut-il attraper la balle au bond :
- Ça n'a pas l'air d'aller, on en parle ?
Rédigé quinze jours après, ce message n'a aucun sens. Pire, il sonne comme une insulte ou une hypocrisie : tes soucis, je m'en cogne. La preuve : il m'a fallu deux semaines pour m'y intéresser.
La certitude d'être passé à côté de quelqu'un pour de mauvaises raisons est désagréable, pénible ou très douloureuse. Allant de la nostalgie aux regrets, selon ce que l'on en espérait. De la résignation douce à la brûlure cuisante. De l'acceptation forcée à la révolte.
- Pourquoi, mais pourquoi ?
Puis le temps, encore lui, rogne les échardes, polit les angles aigus de la douleur. Petit à petit, les sentiments s'atténuent. Et une fois en bout de course, se déposent dans notre petite boîte noire, étiquetée "peut-être mais non", "dommage mais tant pis".
Enfin, il est des rencontres rares. De celles qu'on a longtemps espérées mais sur lesquelles on a tracé une croix. Parce qu'elles semblent hors de portée, illusoires... ou réservées aux autres. Ou que, cabossés par la vie, on en a rabattu sur nos prétentions.
Lassés de rêver les yeux ouverts. Lassés de rêver tout court.
Ces rencontres-là, on ne les attend tellement plus qu'on ne se les souhaite même pas. Trop dangereuses, trop dérangeantes, trop risquées.
Puis un jour, sans crier gare, une rencontre de ce type nous tombe sur le coin du nez. Déverrouillant les émotions enfouies, pulvérisant la pellicule de glace qui nous protégeait, ouvrant la porte à la surprise, à la confusion, à la panique.
"Mais qu'est-ce qui m'arrive ? Aïe aïe aïe, je vais m'en prendre plein la gueule..."
Peut-être, mais comment reculer ?
L'autre est là, en face. Et très vite, forcément trop vite, il emplit notre tête, notre corps, notre esprit, notre peau. Saturés de ce trop, mais avides de le boire encore, et jusqu'à plus soif.
Prudent, notre instinct nous prévient :
"Cet autre-là est dangereux, tire-toi."
Et en parallèle, une petite voix têtue nous souffle :
"Toi et moi, on a beau se connaître à peine, on a beaucoup à partager."
Illogique, bien sûr. Mais aussi absurde qu'animal, intuitif. Une révélation de l'ordre de la reconnaissance, voilée de la peur d'abattre le masque, de la conscience aiguë du ridicule et de la trouille de la non-réciprocité.
Qu'advient-il de ces rencontres si spéciales ? Je l'ignore et ne veux tirer aucun plan. Car là comme ailleurs, la loi du général ne s'applique pas au particulier. Impossible de prédire la suite pour se ranger dans une case... surtout lorsqu'elles ont toutes éclaté.
Je sais juste ce que je souhaite que cette rencontre devienne. Et qu'il le souhaite aussi.
Pour le moment, c'est assez.
La plupart ne nous marquent pas : ce sont des gens qu'on croise ou qu'on nous présente. On discute un moment, on boit éventuellement un verre. On accroche plus ou moins, puis on oublie.
Ce qui, quelques semaines plus tard, donne à peu près ça :
- Salut, Chut ! Tiens, hier, j'ai revu Truc.
- Truc ? Mais qui c'est, Truc ?
- Tu ne te souviens pas de lui, vraiment ?
- Minute (réflexion intense)... Ah, le gars au bonnet ridicule en peau de zébu, qui collectionnait les boîtes à camembert ?
- Non, non, son copain !
- Euh... Très vaguement. Et même de si loin que j'aurais juré qu'il n'était pas là.
D'autres rencontres nous donnent envie de creuser davantage. La personne en face nous intéresse, nous intrigue, nous attire. Un bon feeling qui nous pousse à ne pas nous arrêter au superficiel, à en savoir plus, à désirer un début d'intimité.
On sent, on est même certains qu'on pourrait devenir ami(e)s... voire plus si affinités.
En dépit de notre envie, les circonstances ne s'y prêtent pas toujours. La faute à cette vie mal fichue, à son déroulement chaotique, à son timing désynchronisé - cause de bien d'histoires d'amitié ou d'amour avortées, il paraît... :).
Sans compter que, de son côté, le temps fait parfois défaut. Chacun est absorbé par son travail, ses problèmes, ses loisirs, ses sorties, sa famille, son propre cercle de connaissances. Les quelques rendez-vous prévus sont reportés, puis plus d'actualité ; les semaines défilent sans qu'on reprenne contact.
De fil en aiguille, le lien distendu finit par se rompre.
Souvent, on se le reproche. Si au lieu de traîner chez soi, on avait décroché le téléphone... demandé des nouvelles, causé au répondeur... Mais l'autre aurait également pu en prendre l'initiative, non ?
Et même s'il la prend, encore faut-il attraper la balle au bond :
- Ça n'a pas l'air d'aller, on en parle ?
Rédigé quinze jours après, ce message n'a aucun sens. Pire, il sonne comme une insulte ou une hypocrisie : tes soucis, je m'en cogne. La preuve : il m'a fallu deux semaines pour m'y intéresser.
La certitude d'être passé à côté de quelqu'un pour de mauvaises raisons est désagréable, pénible ou très douloureuse. Allant de la nostalgie aux regrets, selon ce que l'on en espérait. De la résignation douce à la brûlure cuisante. De l'acceptation forcée à la révolte.
- Pourquoi, mais pourquoi ?
Puis le temps, encore lui, rogne les échardes, polit les angles aigus de la douleur. Petit à petit, les sentiments s'atténuent. Et une fois en bout de course, se déposent dans notre petite boîte noire, étiquetée "peut-être mais non", "dommage mais tant pis".
Enfin, il est des rencontres rares. De celles qu'on a longtemps espérées mais sur lesquelles on a tracé une croix. Parce qu'elles semblent hors de portée, illusoires... ou réservées aux autres. Ou que, cabossés par la vie, on en a rabattu sur nos prétentions.
Lassés de rêver les yeux ouverts. Lassés de rêver tout court.
Ces rencontres-là, on ne les attend tellement plus qu'on ne se les souhaite même pas. Trop dangereuses, trop dérangeantes, trop risquées.
Puis un jour, sans crier gare, une rencontre de ce type nous tombe sur le coin du nez. Déverrouillant les émotions enfouies, pulvérisant la pellicule de glace qui nous protégeait, ouvrant la porte à la surprise, à la confusion, à la panique.
"Mais qu'est-ce qui m'arrive ? Aïe aïe aïe, je vais m'en prendre plein la gueule..."
Peut-être, mais comment reculer ?
L'autre est là, en face. Et très vite, forcément trop vite, il emplit notre tête, notre corps, notre esprit, notre peau. Saturés de ce trop, mais avides de le boire encore, et jusqu'à plus soif.
Prudent, notre instinct nous prévient :
"Cet autre-là est dangereux, tire-toi."
Et en parallèle, une petite voix têtue nous souffle :
"Toi et moi, on a beau se connaître à peine, on a beaucoup à partager."
Illogique, bien sûr. Mais aussi absurde qu'animal, intuitif. Une révélation de l'ordre de la reconnaissance, voilée de la peur d'abattre le masque, de la conscience aiguë du ridicule et de la trouille de la non-réciprocité.
Qu'advient-il de ces rencontres si spéciales ? Je l'ignore et ne veux tirer aucun plan. Car là comme ailleurs, la loi du général ne s'applique pas au particulier. Impossible de prédire la suite pour se ranger dans une case... surtout lorsqu'elles ont toutes éclaté.
Je sais juste ce que je souhaite que cette rencontre devienne. Et qu'il le souhaite aussi.
Pour le moment, c'est assez.
Jeu 28 fév 2008
2 commentaires
" La personne en face nous intéresse, nous intrigue, nous attire. Un bon feeling qui nous pousse à ne pas nous arrêter au superficiel, à en savoir plus, à désirer un début d'intimité. On sent, on est même certains qu'on pourrait devenir ami(e)s... Mais en dépit de notre envie, les circonstances ne s'y prêtent pas toujours . La faute à cette vie mal fichue, à son déroulement chaotique, à son timing désynchronisé ........ "
Bien vu, mais tu omets un autre configuration . On s'est illusionné, l'autre traversait seulement une brève période de solitude et doute, supputait en nous un possible complice, entretenait habilement cette ambiance, s'amusait intérieurement de son indifférence future . Jouer et surtout se jouer des autres était son ressort profond , une manière d'exorciser ses petites blessures .
Après un temps d'incompréhension ou l'on culpabilise, on prend la mesure de notre naïveté . On en rit et au final, aucune vague rancoeur mais seulement de la commisération . L'autre, hors ses petites jouissances égotiques est incapable d'accéder au bonheur ( relations désintéressées, amitiés authentiques, amour profond, etc... ) . Mais chut, surtout ne jamais lui dire .....
Trekker - le 03/03/2008 à 00h40
Cela s'appelle de la manipulation, tout simplement. J'ai omis cette configuration car elle m'est étrangère mais elle existe, oui.
Chut !
"Rédigé 15 jours après, ce message n'a aucun sens. Pire, il sonne comme une insulte..."
Je te raconte une anecdote: j'avais passé une soirée mémorable chez une amie très très chère.
Au cours de la soirée, j'avais dit à son compagnon que c'était dommage de dépenser tant d'argent pour changer la moquette, et j'avais eu cette phrase malheureuse: "tu n'es pas chez toi ici". Je voulais juste dire que ce n'était qu'une location!
L'amie en question me téléphone le lendemain, tout va bien, elle est contente de la soirée....
Et, quinze jours après, ça devient "comment as-tu pu dire qu'il n'était pas chez lui...."
Je l'ai ainsi perdue, alors que c'était loin de mon esprit!
Orage - le 03/02/2009 à 11h54
Sûr que le malentendu était de taille ! Mais n'avez-vous pas pu vous expliquer, surtout qu'il s'agissait d'une amie ? C'est vraiment dommage de perdre quelqu'un de
cher aussi bêtement, alors que tu n'avais aucune mauvaise intention.
(Une idée pour renouer : lui envoyer un bon cadeau pour un plancher.
Oui, je sais, mon humour est exécrable !)
(Une idée pour renouer : lui envoyer un bon cadeau pour un plancher.
Oui, je sais, mon humour est exécrable !)
Chut !