Le blog de Chut !
Cette photo, c'est moi ou, à proprement parler, une partie de moi. Celle retranchée du monde, absente, indifférente, injoignable, ayant coupé les fils qui la relient à la
terre. Les fils du téléphone et de la parentèle, quoique j'ai hérité de la large mâchoire paternelle. Mais justement, et cela tombe à pic, mon visage est sur la photo in extenso effacé,
saturé par la lumière qui le dévore.
Dans une autre vie, j'ai dû être bonne sœur, vœux de chasteté, de silence et de vantardise mis à part.
Zut, loupé, pas de bol.
Je suis païenne, je suis bavarde, je suis pédante. J'aime à citer le latin, histoire de me faire mousser. De me rappeler à moi-même - et aux autres, tant qu'à faire - que j'ai fait mes humanités. Que je ne suis ni une cruche ni un panier percé, même si je prends l'eau de toutes parts.
Pourtant, je le jure, j'ai tenté de m'amender.
La preuve ? Macérer dans ma culpabilité, me flageller pour mes péchés, je n'arrête pas. À tel point que je suis incapable de garder le fouet pour moi-même : je dois en faire profiter mon prochain qui ne m'a rien demandé, le retourner contre ceux que j'aime, à la mesure de mon affection. Et Dieu sait si ça cingle dru, parfois.
Tendre vers l'inaccessible, la pureté sans tache des anges, voilà une vocation à la mesure de mes imperfections. J'aurais pu y consacrer ma vie si j'avais été moins égoïste et impatiente - deux autres de mes défauts. Mais chez moi comme sur mon visage, rien ne marche droit. Mes yeux sont trop grands, mon nez trop fort, ma bouche trop petite.
Gamine, je me suis construite sur le manque, la faille. Toujours trop ou pas assez, jamais respectable, jamais comme il faut. Pour mon père, la comparaison était la norme, et elle tournait toujours à mon désavantage. Même la chiure de mouche avait plus de qualités que moi. Mes succès rebattaient cependant les oreilles des autres. Les miennes, rarement. Qui sait, j'aurais pu prendre la grosse tête.
Adulte, je me suis rebâtie seule, aidée d'un reposoir bien commode : le divan. Trop ou pas assez, finalement, peu importe. J'ai appris à faire mien le "et alors ?", fusible parfait pour court-circuiter toute critique. Aussi efficace que le drapeau blanc, il éteint le feu de l'adversité pour vous assurer une paix royale.
Maintenant, lorsque mes démons reviennent me chatouiller, je les renvoie au purgatoire. Seulement une fois sur deux, d'accord, mais c'est toujours ça de pris.
En attendant le carton plein, je m'exerce. J'ai trop tiré le diable par la queue pour redouter encore ses coups de fourche. Caudines, évidemment.
Oui, je vous avais prévenus, j'aime les adjectifs qui la posent là.
Et alors ?
Dans une autre vie, j'ai dû être bonne sœur, vœux de chasteté, de silence et de vantardise mis à part.
Zut, loupé, pas de bol.
Je suis païenne, je suis bavarde, je suis pédante. J'aime à citer le latin, histoire de me faire mousser. De me rappeler à moi-même - et aux autres, tant qu'à faire - que j'ai fait mes humanités. Que je ne suis ni une cruche ni un panier percé, même si je prends l'eau de toutes parts.
Pourtant, je le jure, j'ai tenté de m'amender.
La preuve ? Macérer dans ma culpabilité, me flageller pour mes péchés, je n'arrête pas. À tel point que je suis incapable de garder le fouet pour moi-même : je dois en faire profiter mon prochain qui ne m'a rien demandé, le retourner contre ceux que j'aime, à la mesure de mon affection. Et Dieu sait si ça cingle dru, parfois.
Tendre vers l'inaccessible, la pureté sans tache des anges, voilà une vocation à la mesure de mes imperfections. J'aurais pu y consacrer ma vie si j'avais été moins égoïste et impatiente - deux autres de mes défauts. Mais chez moi comme sur mon visage, rien ne marche droit. Mes yeux sont trop grands, mon nez trop fort, ma bouche trop petite.
Gamine, je me suis construite sur le manque, la faille. Toujours trop ou pas assez, jamais respectable, jamais comme il faut. Pour mon père, la comparaison était la norme, et elle tournait toujours à mon désavantage. Même la chiure de mouche avait plus de qualités que moi. Mes succès rebattaient cependant les oreilles des autres. Les miennes, rarement. Qui sait, j'aurais pu prendre la grosse tête.
Adulte, je me suis rebâtie seule, aidée d'un reposoir bien commode : le divan. Trop ou pas assez, finalement, peu importe. J'ai appris à faire mien le "et alors ?", fusible parfait pour court-circuiter toute critique. Aussi efficace que le drapeau blanc, il éteint le feu de l'adversité pour vous assurer une paix royale.
Maintenant, lorsque mes démons reviennent me chatouiller, je les renvoie au purgatoire. Seulement une fois sur deux, d'accord, mais c'est toujours ça de pris.
En attendant le carton plein, je m'exerce. J'ai trop tiré le diable par la queue pour redouter encore ses coups de fourche. Caudines, évidemment.
Oui, je vous avais prévenus, j'aime les adjectifs qui la posent là.
Et alors ?
Jeu 27 déc 2007
3 commentaires
Bonjour chut !,
en numérique, il existe un règle d'exposition : "poser pour les ombres"...l'expression me fascine et j'aime à la répéter... "poser pour les ombres"... c'est ce que tu as fait sur ce cliché...
Chaleureusement, AB IMO PECTORE...
stannis - le 27/12/2007 à 09h41
" Et alors ? " Une cuirasse qui te protège des jugements et intrusions, le clic du cadenas que tu refermes . Mais à trop surprotéger son égo, on s'enferme dans sa " tour d'ivoire " . Implicitement, ne serait ce pas plutot " Tentez de me comprendre et non de me juger ....... mais chut, ne le répétez pas " ?
" Amender, culpabilité, péchés, démons, purgatoire, diable et fourches caudines " . Une païenne imprégnée de vocabulaire christique, ce n'est pas si rare . Ironie vis à vis des symboles de peurs et angoisses d'une foi ayant imprégnée l'enfance ? Miasmes culpabilisateurs d'une croyance non encore totalement exorcisée ? Moqueries d'une mécréante de toujours à la Anne Archet ?
La femme absente ou la femme devant son miroir ? Il lui renvoi inlassablement ce Trop ou pas assez . Cette problématique qui ronge tous les un peu en dehors de la norme dominante . Elle culpabilise et exacerbe, regard négatif sur soi et agressivité avec autrui . On est à la marge mais pas marginal, sentiment de rejet et d'injustice, besoin d'absolu et quête de reconnaissance . On voudrait tellement être comme les autres, accepté et intégré dans le groupe, mais quoi que l'on fasse on dérange et surtout on le croit ....
Et alors ? ... Avec le temps on s'accepte, on vit ce qu'ils ne vivront jamais et leurs regards nous indiffèrent . Alors qu'importe ton trop ou pas assez, Chut tu sais si bien écrire la désespérance, parler de toi et ...... si belle dans ta tête
Et alors ? ...
Trekker - le 28/12/2007 à 03h34
Non, non, je n'ai pas reçu d'éducation religieuse... Mon père était bien trop contre les curés pour ça ! Être en retrait dans ma tour, alternativement trop vide ou trop pleine, en revanche, je connais... Puis tu as entièrement raison : avec le temps, va, tout s'en va. Ou plutôt, tout s'abrase, même les complexes les plus tenaces. Ils étaient gouffres, ils deviennent sillons puis rayures. Et alors et après tout, à chacun ses pets au casque. :)
Chut !
Bonjour ,
Le divan ! bien venu au club ! bravo pour ne pas avoir sombrée dans le piège du roman de sa propre vie !...qui devient souvent plus toxique que la réalité vécue !(moi c'est le Coaching canadien qui m'a permit d'en sotir assez rècemment!-:)) )
Si j'ai bien compris votre mantras pourrait être : ni hérisson ni paillasson !
La notion de comparaison pour ma part = poubelle !...et l'égo à l'égou !
Voilà une chiure de mouche que j'aimerais rencontrer!-:))... pour échanger(en dehors du triangle infernal de Karpmann stephen, rencontrer l'autre avec l'acceptation de cette zone d'insécurité propre à la relation humaine vraie , le 100% de sécurité c'est dans la tombe !-:)))
Derrière ces écrits il y a toute la profondeur humaine qui m'inspire ! et un sacré boulot personnel que je salue;
Meilleures pensées
Jacques
PONCET - le 29/02/2008 à 19h43
Bonsoir ! Ni hérisson ni paillasson : très jolie formule en forme de slogan. Je la garde, si tu me le permets. Et continue bien ta route, tu sembles avoir pris un excellent départ ! Meilleures pensées aussi.
Chut !