Le blog de Chut !
Ce livre, je l'ai dévoré. Je le gardais dans un coin de ma tête, pas forcément pour de bonnes raisons : Nicolas Fargues est un ancien condisciple, je l'ai toujours trouvé beau à pamer un
couvent de bonnes sœurs (au lycée, déjà...), les magazines féminins en avaient beaucoup parlé à sa sortie.
Une amie m'avait dit : "Tu verras, c'est une autobiographie sans complaisance, une rupture disséquée au scalpel, un bouquin qui te prend pour ne plus te lâcher."
Vu son bon goût, je n'en doutais pas une seconde. Et vu mes affinités particulières avec les liens et nœuds de toute sorte, le résumé ne pouvait que m'allécher.
J'étais derrière toi, c'était le livre que je lirais forcément un jour, lorsque je tomberais dessus par hasard, que je serais d'humeur à m'infuser une histoire triste, ne serait-ce que
pour penser que je suis mieux lotie que le voisin. Le genre de livre qui me fixe un rendez-vous dont j'ignore encore la date.
Le pitch ?
Un homme marié, deux enfants, prisonnier de son couple à la dérive. Son histoire part en lambeaux mais il veut y croire encore. Enfin, il voudrait, parce qu'à bien y regarder, ils sont déjà en
bout de course et qu'une autre femme s'en mêle. Atermoiements, revirements, mensonges et petites trahisons... le lot de l'infidélité, mais poussé à l'extrême. Car entre eux, pas de demi-mesure :
on fouille dans les affaires de l'autre, on l'oblige à jurer sur la tête des gosses, on le pousse à la violence, à la folie. Madame oblige monsieur à ouvrir devant elle sa correspondance avec sa
rivale, elle le rosse avec un tuyau d'aspirateur, lui déchiquette le visage à coup de cable électrique.
Elle l'humilie, il se prosterne.
Elle en fait son esclave, mais il finira par en devenir le maître en la quittant pour (re)vivre enfin.
À mesure de ma lecture, une question m'a taraudée : comment peut-on en arriver là, se déchirer à ce point ? C'est la matière même de la tragédie, mais pas celle, lointaine et figée, des
Grecs. Celle qui se joue à notre insu, dans l'appartement d'à côté, derrière la porte fermée.
Quand les histoires d'amour ne finissent pas mal en général... elles finissent terriblement mal.